La colère est en train de monter parmi les proches des 153 tués mercredi dans l'accident d'avion de Madrid, faute d'explications sur le drame, selon la Française Magali Baton, mère d'Ethan, 4 ans, mort dans la catastrophe et dont le corps n'a pas encore été identifié.

«Le ton monte dans l'hôtel, c'est en train de partir au pugilat» avec les représentants de la compagnie Spanair, a déclaré vendredi à l'AFP Mme Baton depuis l'hôtel Auditorium de Madrid, où sont réunis les proches des victimes.

«Les gens veulent des coupables, mais les responsables ne disent pas grand chose, parce qu'ils ne savent pas grand chose». Dans la «salle des familles», où ont lieu les réunions, «ça hurlait, des gens se tapaient» vendredi après-midi, rapporte-t-elle par téléphone.

Résidente en Seine-et-Marne, près de Paris, Mme Baton a perdu dans l'accident Ethan et son ex-mari Pierrick, 32 ans, avec qui elle partageait la garde de l'enfant.

Elle même déclare ne pas avoir besoin de connaître un éventuel coupable: «ça ne me ramènera pas Ethan, ils sont partis et ne reviendront pas». «Je n'ai pas besoin d'un coupable, d'un ou deux ans d'enquête pour pouvoir faire mon deuil».

Mercredi, un MD82 de la compagnie espagnole Spanair devant relier Madrid et Las Palmas, dans l'archipel espagnol des Canaries, s'est écrasé lors du décollage, faisant 153 tués et 19 blessés, dans des circonstances encore inconnues malgré les diverses hypothèses de la presse espagnole.

Le jour même du drame, les proches des victimes ont commencé à affluer à Madrid et ont été pris en charge. Sportive de haut-niveau, médaillée de bronze aux championnats du monde de judo en 1997, Mme Baton est arrivée jeudi matin et depuis, attend. «J'ai la chance d'avoir des amis avec moi, ça m'aide beaucoup».

L'organisation est «très bien faite, avec énormément de bénévoles, des psychologues. La vrai difficulté, c'est que les informations passent très mal», commente la jeune femme: «je pense qu'ils sont un peu débordés».

Elle même confesse «être un peu dans le brouillard». «J'attends l'identification d'Ethan, ça devrait être plus rapide car il y avait moins d'enfants à bord», explique-t-elle d'une voie posée et lasse.

Elle ne sait pas ce qui va se passer après. Les responsables lui ont expliqué qu'«apparemment ça va aller très vite une fois les corps identifiés».

Mais elle garde en tête que «Ethan a vécu quatre ans, et il a été super heureux pendant ces quatre années». «Je vais essayer de m'accrocher à ça» glisse-t-elle pour conclure.