La secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice est à nouveau attendue en Europe pour s'entretenir mardi avec ses alliés de l'OTAN de la teneur du message que les Occidentaux doivent adresser à la Russie à la suite de son invasion de la Géorgie.

Moscou ne peut pas faire usage d'une «force disproportionnée» contre Tbilissi et continuer d'être saluée par les institutions internationales, a prévenu la secrétaire d'État. «Cela ne va pas se passer de cette façon», a-t-elle averti, affirmant que «la Russie va payer un prix.»

Mais ni Condoleezza Rice ni le secrétaire américain à la Défense Robert Gates n'ont été précis dimanche lors de leur apparition dans cinq émissions télévisées américaines sur les sanctions que pourraient prendre les États-Unis et la communauté internationale. «Nous ne voulons pas le faire de façon unilatérale», a simplement souligné Robert Gates.

Les États-Unis ont convoqué une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN à Bruxelles pour discuter de l'aggravation des relations entre l'Alliance atlantique et Moscou à la suite de l'intervention militaire russe en Géorgie. «Nous ne voulons pas détruire le Conseil OTAN-Russie, mais les actions de la Russie ont remis en question les relations entre les deux parties», a déclaré l'ambassadeur des États-Unis Kurt Volker à l'approche du rendez-vous.

À l'issue de la réunion de l'OTAN mardi, Mme Rice doit avoir des entretiens avec ses homologues européens, dont le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, et le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère Javier Solana. Puis la cheffe de la diplomatie américaine signera mercredi à Varsovie un accord pour la mise en place en Pologne d'intercepteurs de missiles, a déclaré son homologue polonais Radek Sikorski dans un entretien au quotidien «Dziennik» de lundi. Moscou a dénoncé avec force ce projet des États-Unis qui se traduirait par l'installation d'une telle base à proximité de ses frontières. D'après un représentant du ministère polonais des Affaires étrangères, Condoleezza Rice rencontrera M. Sikorski, le premier ministre Donald Tusk et le président Lech Kaczynski.

Si la Maison-Blanche ne veut pas porter atteinte aux relations existantes avec le Kremlin ou décourager le gouvernement russe de poursuivre sur la voie de l'intégration au sein des institutions économiques et politiques internationales, des responsables américains soulignent dans le même temps que la Russie ne peut se permettre d'envahir son voisin en toute impunité.

Il faut adresser une «réponse forte et unie à la Russie afin d'envoyer le message que ce genre de comportement, caractéristique de la période soviétique, n'a pas sa place au XXIe siècle», a souligné Robert Gates.

Les affrontements ont éclaté après une offensive militaire lancée le 7 août par la Géorgie pour tenter de prendre le contrôle de la province séparatiste d'Ossétie du Sud, proche de Moscou. L'armée russe a rapidement écrasé les forces géorgiennes, puis avancé dans le territoire, bombardant installations militaires et ports géorgiens et bloquant un axe routier est-ouest.

Selon le New York Times de dimanche, qui cite des sources américaines proches des services de renseignement, l'armée russe aurait déployé vendredi plusieurs rampes de lancement de missiles SS-21 vers des positions au nord de Tskhinvali, capitale de l'Ossétie du Sud.

«Il ne fait aucun doute qu'il y aura d'autres conséquences», a observé Mme Rice, qui a informé le président George W. Bush de la crise au cours du week-end dans son ranch de Crawford, au Texas.