Des dizaines de milliers de musulmans, brandissant des drapeaux verts et noirs, ont défilé lundi dans les rues de Srinagar, principale ville de l'État indien de Jammu-et-Cachemire, avant de se retrouver devant les locaux de l'ONU pour réclamer son intervention dans la querelle cachemirie et la fin de la domination indienne.

Des centaines de camions et bus avaient acheminé les manifestants de tout le Cachemire. Des milliers de membres des forces de l'ordre en tenue anti-émeute montaient la garde, mais on ne faisait pas état d'incidents.

Selon Masarat Aalam, un des chefs du mouvement séparatiste, une pétition va être remise à l'ONU, évoquant des violations des droits de l'homme de la part des autorités indiennes et demandant l'intervention de l'organisation internationale.

Les organisateurs affirmaient que cette manifestation était la plus importante depuis la recrudescence des troubles il y a deux mois dans cet État himalayen, le seul à majorité musulmane de la Fédération indienne et qui rejette de plus en plus la tutelle de New Delhi.

Au moins 34 personnes sont mortes dans la crise déclenchée par une rivalité territoriale autour d'un sanctuaire hindou, qui oppose musulmans et hindous du Jammu-et-Cachemire. La décision des autorités locales, en juin, de céder 40 hectares de terre à un fonds hindou pour qu'il y érige des bâtiments destinés aux pèlerins a mécontenté les musulmans, qui y ont vu une volonté de modifier l'équilibre démographique dans la région.

Dans le même temps, à Jammu, seule ville à majorité hindoue du Cachemire, des milliers de personnes ont également manifesté, malgré l'interdiction de rassemblement public, espérant au contraire se faire arrêter en masse, une tactique de résistance passive qu'avait inauguré le père de l'Indépendance indienne, Mohandas K. Gandhi. Selon l'un des organisateurs, ces manifestations vont durer trois jours et on y attend plus de 100 000 personnes.

De son côté, le premier ministre indien Manmohan Singh a appelé toutes les parties au calme et à «travailler ensemble pour ramener la situation sous contrôle».