L'assemblée de la Province de la Frontière du Nord-Ouest du Pakistan, dont Peshawar est la capitale, a voté mardi une résolution contre le président Pervez Musharraf, une nouvelle étape dans la longue procédure de destitution amorcée contre le chef de l'État.

Cette assemblée provinciale, l'une des quatre du pays, a adopté ce texte non contraignant à une majorité écrasante de 107 députés contre quatre, a annoncé son président Karamatullah Khan, dont la voix était couverte par des chants de parlementaires criant «Musharraf, dehors!».

Un journaliste de l'AFP a vu une parlementaire déchirer un portrait du président et en jeter les morceaux à terre.

Lundi, l'assemblée du Pendjab, la première province du pays, avait aussi adopté à une «forte majorité» une résolution anti-Musharraf le jugeant «inapte à occuper ses fonctions» et l'accusant d'avoir conduit le Pakistan dans une «grave impasse politique et économique».

Les deux autres assemblées provinciales, celles du Sind et du Baloutchistan, devraient voter cette semaine.

Mais M. Musharraf a fait savoir lundi qu'il ne quitterait pas le pouvoir, après que la coalition gouvernementale eut annoncé jeudi dernier le lancement d'une procédure de destitution à son encontre.

L'assemblée nationale devrait se prononcer cette semaine sur un acte d'accusation visant l'ex-général à la tête d'une puissance nucléaire militaire musulmane et l'allié-clef des États-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme».

L'article 47 de la Constitution de 1973 dispose que le président peut «être renvoyé en cas d'incapacité physique ou mentale, ou destitué s'il est coupable de violation de la Constitution ou de faute grossière».

Ce serait une première dans l'Histoire du Pakistan qui a passé la moitié de ses 61 ans d'existence sous la férule de généraux putschistes.

La coalition conduite par le Parti du peuple pakistanais (PPP) d'Asif Ali Zardari --le veuf de Benazir Bhutto-- et la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz de l'ex-premier ministre Nawaz Sharif doit rassembler la majorité des deux-tiers des deux chambres réunies du Parlement --l'assemblée nationale et le Sénat-- soit 295 sièges sur 439, pour renvoyer le chef de l'État.