Deux sergents des Marines américains ont refusé de témoigner au procès de l'un de leurs anciens collègues, qui répond de crime de guerre en Irak devant un tribunal civil de Californie, ont annoncé leurs avocats.

Les défenseurs de Ryan Weemer et Jermaine Nelson ont indiqué au juge fédéral Stephen Larson, présidant au procès de José Nazario à Riverside, à 100 km à l'est de Los Angeles, que leurs clients ne déposeraient pas, bien que l'immunité leur ait été garantie.

Le juge Larson a estimé que l'attitude des deux hommes constituait un outrage au tribunal et les a convoqués fin septembre pour le début d'une procédure punitive.

M. Nazario est accusé d'avoir tué deux Irakiens en 2004 à Falloujah, ville située à 100 km à l'ouest de Bagdad et alors fief de l'insurrection sunnite, et d'avoir incité MM. Weemer et Nelson à en abattre deux autres.

Précisément, cet ex-sergent de 28 ans répond d'«homicide volontaire», d'«agression avec une arme dangereuse», d'avoir «fait usage d'une arme dans des circonstances de violence criminelle» et d'«incitation» à un crime.

Les sergents Weemer et Nelson sont quant à eux inculpés de «meurtre sans préméditation» et de «manquement au devoir» par la justice militaire et vont être traduits en cour martiale à Camp Pendleton, grande base de Marines à 130 km au sud de Los Angeles.

Le procureur militaire en charge des poursuites contre les deux hommes avait fait parvenir au juge Larson une lettre assurant que ce que les deux hommes auraient dit pendant les débats de Riverside ne pourrait pas être retenu contre eux.

Mais l'un des avocats de Nelson, Joseph Low, a expliqué que la garantie ne lui semblait pas suffisante et que lui et ses collègues auraient souhaité que ce soit le commandant en chef des Marines qui signe cette lettre d'immunité.

«Pourquoi la personne qui aurait pu le signer ne l'a-t-elle pas fait? C'est suspect», a déclaré Me Low au juge Larson.

L'affaire avait éclaté lorsque Ryan Weemer avait avoué, lors d'un entretien de routine en vue d'intégrer une police fédérale, avoir participé à un meurtre.

M. Nazario était devenu policier à Riverside après avoir quitté l'armée. L'armée avait transmis son dossier à la justice fédérale, compétente dans les affaires de ce type. C'est la première fois aux Etats-Unis qu'un ancien combattant est jugé pour crime de guerre par un tribunal civil.

Jeudi, au début des débats, le représentant du parquet, Charles Kovats, avait affirmé aux 12 jurés que les victimes présumées de José Nazario étaient «sans armes, ne résistaient pas, avaient les mains levées».

Le défenseur principal de l'ex-Marine, Kevin McDermott, avait quant à lui soutenu que les représentants du parquet «ne vont même pas être capables de vous dire qui étaient les victimes. Ils n'ont ni identité, ni empreintes digitales, ni ADN» à soumettre.