Des débardeurs pour femme portant des inscriptions antisémites ont été mis en vente dans une boutique d'un quartier populaire de Paris, conduisant la justice à ouvrir mardi une enquête.

Ces débardeurs en laine, gris ou vert bouteille, portaient les inscriptions en allemand «Juden eintritt in die parkanlagen verboten» et en polonais «Zydom wstep do parku wzbronionyio» («Entrée du parc interdite aux juifs»), reproduisant les panneaux d'interdiction visant les juifs du ghetto de Lodz (Pologne) en 1940.

Ces débardeurs, vendus avec un tee-shirt au prix de 18 euros, dans une boutique de vêtements du quartier chinois de Belleville, portaient l'étiquette de la marque «Introfancy IF» avec la mention «Nought restrict» mais sans l'origine du pays de fabrication.

A l'ouverture du magasin, un journaliste de l'AFP a constaté la présence de cinq débardeurs en rayon. En revenant dans la boutique quelques minutes plus tard, il a remarqué que les débardeurs avaient été retirés des portants.

L'une des jeunes vendeuses a assuré que l'ensemble de ces débardeurs venaient d'être achetés par un client et qu'elle ne connaissait pas la signification des inscriptions sur ces vêtements.

Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA), qui a alerté l'AFP, a annoncé qu'il avait déposé une plainte auprès de la police.

Le Parquet a ouvert une enquête préliminaire, confiée aux policiers de la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP).

Haïm Musicant, directeur général du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) a jugé l'affaire «lamentable», espérant voir l'enquête aboutir rapidement.

A sa connaissance, a-t-il dit à l'AFP, c'est la première fois qu'une telle affaire se produit en France.

Selon M. Ghozlan, l'apparition de ces vêtements «est d'autant plus troublante qu'elle se produit dans cet arrondissement de Paris (le 19ème, ndlr) où se situe le Parc des Buttes-Chaumont dont les juifs se plaignent fréquemment d'être les victimes de bandes de délinquants antisémites».

Rudy H., un jeune juif de 17 ans, avait été roué de coups et grièvement blessé le 21 juin dans cet arrondissement, qui connaît des affrontements entre jeunes de différentes communautés.

Près de 95% des 200 000 juifs qui étaient retenus dans le ghetto de Lodz périrent dans les camps d'extermintation.