Les chansons de Sheryl Crow font se trémousser les officiels sur la scène du stade Invesco de Denver, chauffant l'enceinte de 75 000 places en attendant l'arrivée de la grande vedette de la soirée, le candidat désormais officiel à la Maison Blanche Barack Obama.

«Change, change» (changement, changement), dit la chanteuse pop missourienne: à la fois refrain de l'une de ses chansons les plus connues, et slogan principal de campagne de M. Obama, le premier Noir à avoir été choisi par un grand parti pour tenter de conquérir la présidence américaine.

Auparavant, ce sont les chanteurs John Legend et will.i.am, l'un des quatre «Black eyed peas», qui ont scandé le nom de M. Obama dans un texte spécialement écrit pour la campagne du sénateur démocrate de l'Illinois, pendant qu'une foule bigarrée agitait des drapeaux américains et des pancartes portant son nom.

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Puis c'est Stevie Wonder, 58 ans dont 47 de carrière, sourire éclatant et lunettes noires, qui a entraîné le public dans ses ballades gospel, aux claviers, devant les arches néoclassiques d'un décor rappelant les bâtiments gouvernementaux de Washington.

Et c'est rien moins qu'une récipiendaire d'Oscar, la jeune Jennifer Hudson, star de la comédie musicale Dreamgirls, qui a chanté The Star Spangled Banner, l'hymne national américain.

Depuis le tout début de la matinée, et sous un chaud soleil de fin d'été, des files d'attente s'étaient formées à l'extérieur du stade Invesco de Denver, situé en marge du centre-ville de la capitale du Colorado.

Les autorités n'ont pas lésiné sur les mesures de sécurité: il était interdit de garer une voiture dans un large périmètre autour du complexe sportif, base habituelle des Broncos de Denver, l'équipe locale de football américain.

La grande autoroute reliant Colorado Springs à Denver a même été coupée sur plusieurs kilomètres et les spectateurs ont dû franchir de longues distances à pied pour espérer entrer dans le stade, dont les entrées étaient strictement gardées. Un hélicoptère de la police tournoyait dans les airs.

Ce 28 août marquait le 45e anniversaire du célèbre discours «J'ai fait un rêve» du révérend Martin Luther King, et c'est son fils aîné, Martin Luther King III, qui a effectué le passage de témoin symbolique entre ces deux moments forts de l'histoire des Noirs aux Etats-Unis.

«Alors que j'attendais de venir sur le podium, je ne pouvais m'empêcher de penser combien mon père aurait été fier. Fier de Barack Obama, fier du parti qui l'a nommé et fier de l'Amérique qui va l'élire», a lancé M. King, qui n'avait que 10 ans lorsque son père a été assassiné en 1968.

«C'est un jour historique dans l'histoire du monde», a renchéri Spike Lee, porte-voix de la communauté noire américaine au cinéma, interrogé par l'AFP dans les tribunes du stade.

«Et que cela arrive le jour de l'anniversaire du discours du Dr. King, c'est encore mieux», a-t-il ajouté.

Deux successeurs de King au palmarès du prix Nobel de la paix, l'ancien président Jimmy Carter et l'ancien vice-président Al Gore, étaient présents dans l'enceinte. Ce dernier a pris la parole juste avant M. Obama, en début de soirée.

«Waouh!» s'est-il écrié, apparemment impressionné par l'enceinte désormais bourrée à craquer qui lui a réservé une ovation.