Les rebelles séparatistes musulmans ont entamé leur retrait des zones qu'ils contrôlaient dans le sud des Philippines, théâtre depuis plus d'une semaine d'âpres combats avec les troupes gouvernementales, ont affirmé mardi des responsables locaux.

Les rebelles du Front Moro islamique de libération (MILF) ont abandonné mardi matin leurs positions dans plusieurs villes et villages de Cotabato, une région agricole défavorisée de l'île méridionale de Mindanao, selon des responsables des forces de sécurité.

Lors de leur retraite, les insurgés ont incendié des bâtiments, dont une église, en disposant des mines, a affirmé à l'AFP Elias Dandan, chef de la police de la localité de Pikit.

«Un couple de personnes âgées et leur fils ont été tués par les rebelles», a-t-il dit.

Au moins 27 militants du MILF ont été tués et neuf autres blessés, selon l'armée qui a admis la perte d'un homme dans les affrontements. Les militaires estiment en outre que les combats ont provoqué le déplacement de près de 160 000 civils.

Mardi, l'armée a déclenché des tirs d'artillerie et pilonner des positions du MILF à l'aide d'hélicoptères de combat. Il s'agissait du plus important assaut depuis le 4 août, date à laquelle la Cour suprême philippine a ordonné la suspension d'un traité octroyant aux insurgés le contrôle d'une grande partie de Mindanao.

En représailles, quelque 1500 rebelles du MILF avaient pris le contrôle de villages et villes à majorité catholique de Cotabato.

La population de Mindanao est en majorité musulmane, mais les Philippines sont très majoritairement catholiques.

Par ailleurs, le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a acheminé des vivres par voie aérienne pour prévenir une crise humanitaire dans le sud des Philippines.

«Le PAM est inquiet du nombre croissant de personnes déplacées par les violences», indique un communiqué de l'agence onusienne publié à Manille.

«Beaucoup de victimes sont des femmes et des enfants», ajoute le texte.

Quelque 43 centres d'hébergement provisoire ont été mis en place mais ces structures gouvernementales sont déjà bondées, selon le Centre national de coordination des catastrophes (NDCC).

Le MILF, fort de 12 000 hommes, mène une guérilla depuis 30 ans pour obtenir un État islamique indépendant dans le sud des Philippines.

Le MILF avait accepté d'établir une trêve et d'entamer des négociations avec le gouvernement de la présidente Gloria Arroyo en 2003.

Les pourparlers se sont toutefois interrompus en décembre dernier à la suite d'un désaccord sur le contrôle de territoires réclamés par le MILF.