Six civils tués au coeur de Mogadiscio, 10 morts à Kismayo, un Sud-Coréen blessé par balle dans le nord, deux bateaux piratés au large des côtes, la Somalie a connu jeudi une journée de violences tous azimuts, bien loin des pourparlers de paix de Djibouti.

Des insurgés lourdement armés ont attaqué au mortier et à l'artillerie lourde jeudi le palais présidentiel, selon des témoins. Les troupes somaliennes, soutenues par l'armée éthiopienne, ont répliqué aux tirs de mortier, dont certains ont atterri dans le quartier voisin de Bakara (sud), l'un des plus peuplés de la capitale.

Le président somalien, Abdullahi Yusuf Ahmed, est actuellement en voyage en Éthiopie.

«Quatre civils ont été tués quand un tir de mortier a atterri devant la mosquée du marché de Bakara, et sept autres ont été blessés», a rapporté à l'AFP un témoin, Hassan Adan Yarisow.

«Trois mortiers ont touché des maisons à Bakara quelques minutes après que des insurgés eurent attaqué le palais présidentiel. J'ai vu (...) cinq personnes blessées (...) et deux civils tués», a raconté un autre témoin, Feisal Ibrahim, portant à six le nombre de personnes tuées dans ces affrontements.

L'armée éthiopienne, venue soutenir le gouvernement somalien, a mis en déroute fin 2006-début 2007 les forces des tribunaux islamiques qui contrôlaient la majeure partie du centre et du sud de la Somalie.

Depuis, des insurgés, menés par la mouvance islamiste, mènent des actions de guérilla quasi quotidiennes visant en particulier les soldats éthiopiens et somaliens et des représentants du gouvernement.

Mercredi, ces insurgés ont engagé des combats avec des milices locales à Kismayo (500 km au sud de Mogadiscio) dans lesquels dix personnes -six combattants et quatre civils- ont péri.

«Au moins dix personnes, pour la plupart des combattants, ont été tuées dans des combats semble-t-il destinés à la conquête de la ville (par les insurgés). Certains des cadavres ont été découverts ce (jeudi) matin et six autres ont été enterrés mercredi soir», a rapporté à l'AFP Abdullahi Moalim Dahir, un chef coutumier de Kismayo.

Un accord de cessez-le-feu conclu à Djibouti le 9 juin entre le gouvernement somalien et la coalition de l'opposition dominée par les islamistes devait entrer en vigueur le 9 juillet pour une période de 3 mois renouvelable.

Mais les insurgés ont rejeté cet accord et les combats n'ont pas cessé, à Mogadiscio notamment.

Le gouvernement fédéral de transition ne contrôle qu'une infime partie d'un pays en guerre civile depuis 1991 et ne parvient pas non plus à empêcher les très lucratives prises d'otages d'étrangers, notamment de travailleurs humanitaires.

Jeudi, dans la région semi-autonome du Puntland (nord-est), un ressortissant sud-coréen, dont on ignore la profession, a été blessé par balle en échappant à une tentative d'enlèvement par des hommes lourdement armés. Ses jours ne sont pas en danger.

«L'attaque était planifiée, et le plan consistait à enlever (le Sud-Coréen) pour ensuite demander une rançon», a expliqué un responsable policier ayant requis l'anonymat.

Le Puntland, en particulier le port de Bosasso, sert de base aux trafiquants qui organisent le passage d'émigrants illégaux vers le Yémen, lors de traversées maritimes souvent extrêmement périlleuses.

Des pirates opèrent également au large des côtes du Puntland et attaquent régulièrement des navires de commerce afin de monnayer leur libération.

Jeudi, deux navires iranien et japonais ont été attaqués, deux jours après un assaut contre un tanker malaisien, a annoncé le Centre antipiraterie du Bureau maritime international (BMI) à Kuala Lumpur.

Un cargo allemand pourrait également avoir été capturé par des pirates, selon le ministère allemand des Affaires étrangères.

Selon le BMI, pas moins de 24 attaques de piraterie ont eu lieu au large des côtes somaliennes au cours du premier semestre 2008.