Après avoir laissé dans son sillage au moins 22 morts en République dominicaine et Haïti, la tempête tropicale Gustav menaçait mercredi de reprendre la force d'un ouragan à l'approche de Cuba, qui a procédé à l'évacuation de 60 000 personnes, et du Golfe du Mexique.

Gustav, qui a temporairement perdu de sa vigueur après son passage mardi sur Haïti, où il a laissé 14 morts, et n'est pour le moment plus qu'une tempête tropicale, avec des vents soufflant à 85 km/h, menace également les installations pétrolières du Golfe du Mexique, faisant grimper les cours du brut.

Une alerte à l'ouragan était en vigueur à Cuba pour les provinces orientales de Guantanamo, Santiago et Granma, et 60 000 personnes ont été par précaution transférées, notamment de zones côtières risquant d'être inondées, dans des refuges ou chez des proches, selon les médias cubains.

Gustav, qui a commencé à apporter des pluies torrentielles sur la partie orientale de l'île, déjà touchée par le tempête Fay il y a une semaine, pourrait redevenir dans la nuit de mercredi à jeudi «un ouragan d'une grande intensité» en raison des eaux chaudes des Caraïbes, selon l'Institut de météorologie cubain (Insmet).

Le coeur de la tempête se situait à 18H00 HAE au-dessus de la mer à 115 km au sud-est de Guantanamo (sud-est de Cuba) et à 275 km à l'est-nord-est de Kingston (Jamaïque). Se déplaçant très lentement (6 km/h) vers l'ouest, il devait passer jeudi entre la Jamaïque et à proximité de la côte sud de Cuba avant de toucher sans doute samedi la pointe occidentale de l'île et de poursuivre sa route vers l'Etat américain de la Louisiane, selon l'Insmet.

Gustav pourrait également, selon le Centre national des ouragans (NHC) basé à Miami (sud-est), toucher avec la force d'un ouragan le golfe du Mexique qui concentre plus d'un quart de la production américaine. Une éventualité qui a fait bondir mercredi à New York de 1,88 dollar, à 118,15 dollars, le prix du baril de pétrole par rapport à la veille.

«Il n'y a aucun doute que la progression des prix est liée à l'ouragan Gustav», a expliqué Phil Flynn, analyste au cabinet Alaron Trading.

Lors du passage de Katrina puis de Rita en 2005, qui avaient notamment frappé la Nouvelle-Orléans, environ 165 plates-formes pétrolières (sur les quelque 4000 qui se trouvent dans le golfe du Mexique) ont été détruites ou très endommagées, des dégâts qui avaient été évalués entre 18 et 31 millions de dollars.

Le pays des Caraïbes le plus touché jusqu'ici par le passage de Gustav a été Haïti où au moins 14 personnes ont trouvé la mort mardi, dont certaines dans l'effondrement de leurs maisons, selon la Protection civile.

En République dominicaine, l'ouragan a fait huit morts, tous membres d'une même famille, à la suite d'un glissement de terrain consécutif aux pluies, selon la Défense civile.

Dans le Golfe du Mexique, la compagnie anglo-néerlandaise Shell a annoncé avoir commencé à évacuer du personnel «non essentiel aux opérations de production et de forage». Environ 300 personnes devaient être évacuées mercredi, «sans impact sur la production», selon la société.

Le groupe pétrolier français Total a lui annoncé qu'il songeait à interrompre sa production pétrolière dans le golfe du Mexique à partir de samedi.

«Il y a des chances que nous arrêtions la production de pétrole et de gaz si Gustav touche les côtes américaines», a annoncé à l'AFP Bob Hughes. «Nous n'avons pas encore pris de décision pour l'instant, ce sera probablement vendredi, en fonction de l'évolution de l'ouragan», a-t-il précisé.