Dans cette région tibétaine où des tirs de soldats chinois auraient fait des victimes la semaine dernière, selon le dalaï lama, l'armée est omniprésente, les moines peu bavards et les étrangers surveillés de près.

«Nous vivons sous le régime du communisme chinois», répond un moine tibétain à Kangding, capitale de la préfecture de Garze, interrogé sur le retour présumé du calme dans cette zone, avancé par les autorités.

«Si les autorités disent que la +stabilité et l'harmonie+ sont revenues, c'est que c'est vrai. Comme tout ce qu'ils disent», ironise-t-il.

La préfecture de Garze, grande comme la moitié de l'Italie, est l'une des régions tibétaines les plus instables de l'ouest de la Chine, dans la province du Sichuan. De vastes zones y sont sous étroite surveillance militaire, comme cela est devenu la norme depuis le printemps, soulignent des habitants.

Ces contreforts de l'Himalaya avaient alors été le théâtre d'importantes manifestations antichinoises, dans la foulée des émeutes de Lhassa à la mi-mars.

Le dalaï lama a affirmé que des soldats ont ouvert le feu le 18 août sur des manifestants dans la ville de Garze, à quelque 300 km de Kangding, mais sans pouvoir préciser le bilan des victimes.

Impossible pour les journalistes de l'AFP de se rapprocher de Garze: les routes sont difficilement praticables et aucun chauffeur n'accepte d'y emmener des étrangers.

À Kangding, des soldats armés et des policiers patrouillent. Dans les environs, des camions militaires sillonnent les routes de montagne accidentées.

Au temple Anjue, rien à signaler sauf la présence de policiers en civil. Des dizaines de voitures de police sont stationnées devant deux hôtels voisins.

Un voyageur chinois, qui se trouvait à Garze la semaine dernière, affirme à l'AFP que la situation y était très tendue. «Tout laisse à penser que l'armée se prépare à y rester longtemps», dit-il.

«Les forces de l'ordre ont fait arrêter notre bus, leurs armes pointées vers nous, et vérifié nos identités avant de nous laisser repartir», sur le route menant aux temples, ajoute-t-il encore sous couvert de l'anonymat.

Garze est considérée par les Tibétains comme appartenant à leur région traditionnelle du Kham, qui s'étend aussi sur une partie des provinces du Yunnan ou de Qinghai et l'est du Tibet.

Selon l'Australien Gabriel Lafitte, conseiller auprès du gouvernement tibétain en exil, la région du Kham a une forte réputation d'indépendance politique, à l'égard de Pékin aujourd'hui comme de Lhassa autrefois.

«Ce sont de farouches combattants, comme l'atteste leur histoire, mais ils ont aussi la réputation d'être particulièrement pieux, ce qui les fait doublement mal voir des autorités chinoises», souligne-t-il.