Le nouveau premier ministre haïtien Michèle Pierre-Louis a déclaré mardi avoir entamé des «négociations» avec les partis politiques pour pouvoir former un gouvernement et préparer son programme politique.

«Les négociations avec les partis politiques sont en cours. Elles sont difficiles et peuvent prendre encore du temps», a indiqué Mme Pierre-Louis dans un hôtel à Port-au-Prince, où elle a tenu sa première conférence de presse depuis que sa nomination comme premier ministre a été entérinée, le 31 juillet, par le Sénat haïtien.

«Le président René Préval et moi restons ouverts afin de parvenir à un compromis qui tienne compte des intérêts du pays», a-t-elle ajouté.

«Je sais que gouverner ce pays va être une expérience difficile, mais je me prépare à cela», a-t-elle poursuivi.

Pour pouvoir gouverner, Michèle Pierre-Louis doit encore faire approuver son programme politique devant les deux chambres du Parlement.

Le premier ministre a insisté sur la nécessité de créer une cohésion gouvernementale, tout en étant ouverte à l'intégration des partis politiques représentés au Parlement. «Mais il n'y a que 18 ministères pour 19 partis», a-t-elle relevé.

Elle a aussi promis de faire de la neutralité une exigence de son gouvernement. «Nous ne devons pas diriger pour un groupe de personnes ou pour une classe», a-t-elle affirmé. Elle n'a pas exclu non plus l'idée d'intégrer des femmes au futur gouvernement.

Mme Pierre-Louis a par ailleurs annoncé l'ouverture de consultations pour la rédaction d'un pacte de gouvernabilité dans le pays, le plus pauvre du continent américain, et qui a été secoué par de nombreux bouleversements politiques au cours des dernières décennies.

Elle a indiqué vouloir s'attaquer en priorité à l'insécurité, aux problèmes de la faim et du chômage en Haïti, où plus de 70% des habitants vivent avec moins de deux dollars par jour.

«Il y a de nombreux défis qui se posent pour Haïti», a jugé le premier ministre, qui a décelé une volonté de changement chez la plupart des Haïtiens. Le changement, «c'est justement cela qu'il faut construire «, a-t-elle lancé.

À une question concernant les rumeurs sur sa prétendue homosexualité, Mme Pierre-Louis a à nouveau démenti ces allégations. «Cela fait 40 ans que je travaille dans ce pays. Je mets n'importe qui au défi de dire que j'ai été l'objet d'un quelconque scandale sexuel ou autre», a-t-elle déclaré.

Elle a conclu, en révélant que dans ses moments de solitude, elle se demandait ce qui l'avait poussé à accepter ce poste de premier ministre, avant de déclarer immédiatement : «Je sais bien ce qui m'a pris. C'est mon pays. C'est l'engagement que j'ai pu constater partout où j'ai travaillé en Haïti».

Proche du président Préval, Mme Pierre-Louis est la troisième personnalité à être désignée par le chef de l'État, après le rejet des deux précédentes par les parlementaires haïtiens.

La ratification de cette économiste de 61 ans est intervenue plus de trois mois après le renversement du premier ministre Jacques-Edouard Alexis par le Sénat, le 12 avril, destitué à la suite des émeutes de la faim qui ont secoué le pays après une brusque envolée des prix des produits alimentaires, faisant 6 morts et des centaines de blessés.