Le conflit russo-géorgien a remis en cause les fondements de la sécurité en Europe avec un usage disproportionné de la force et une menace des approvisionnements énergétiques, estime l'institut d'analyse des conflits International Crisis Group (ICG).

«Le conflit russo-géorgien a transformé la géopolitique du monde contemporain avec de lourdes conséquences pour la paix et la sécurité en Europe et ailleurs», note l'ICG dans un rapport publié samedi.

Moscou a fait preuve de «confiance en soi et d'agressivité» en «ignorant l'opinion internationale» et en étant prêt à accepter «l'ostracisme et la confrontation» pour atteindre son objectif de «recréer une zone de sécurité à ses frontières», relève l'institut, basé à Bruxelles.

«Pendant près de deux décennies, le Kremlin a exprimé son intérêt dans une collaboration avec les institutions occidentales (...) mais il revient désormais à une posture plus classique de grande puissance, insistant pour jouer selon des règles spéciales», ajoute le centre d'analyse.

Pour l'ICG, l'usage «disproportionné» de la force par la Russie après l'attaque géorgienne le 7 août contre l'Ossétie du Sud «constitue un changement dramatique dans les relations entre Russes et Occidentaux».

Mais si la Russie a menacé dans ce conflit «la stabilité» du Caucase, «les couloirs énergétiques vitaux pour l'Europe» et «ignoré le droit international», elle n'est pas la seule responsable du conflit, estime aussi l'organisation.

Le rapport souligne que la tentative géorgienne de reprendre l'Ossétie du Sud était «un calcul désastreux» alors que la Géorgie «gérait (déjà) mal» sa relation avec la Russie depuis 2004 par un comportement «belliqueux» et «arrogant».

L'ICG insiste aussi sur des «erreurs sérieuses» de la part de l'Occident qui n'a pas assez poussé le président géorgien Mikheïl Saakachvili à chercher une solution viable dans ses républiques séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie.

La vente d'armes à Tbilissi sans s'assurer que celles-ci ne seraient pas utilisées contre les rebelles est une autre erreur soulignée dans le rapport, tout comme le soutien inconditionnel de Washington à M. Saakachvili malgré sa dérive «autoritaire».

L'ICG critique aussi l'Union européenne et son incapacité à trouver une réponse forte aux actions russes en Géorgie.