La fille du président mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi, renversé mercredi par un coup d'État militaire, s'est déclarée vendredi «inquiète» pour «la sécurité et la santé» de son père «séquestré» depuis mercredi dans un lieu inconnu selon sa famille.

«Je suis inquiète surtout pour la santé et la sécurité de mon père tant qu'il ne sera pas relâché», a dit Amal Cheikh Abdallahi, ex-attachée de communication à la présidence mauritanienne, lors d'un entretien accordé à deux journalistes de l'AFP au domicile privé familial du président renversé.

«Je ferais porter la responsabilité à ceux qui le séquestrent s'il lui arrivait quoi que ce soit. Il est parti de chez lui en grande forme», a-t-elle souligné.

Amal Mint Cheikh Abdallahi dit n'avoir pas vu son père, âgé de 71 ans, depuis mercredi et ne pas savoir où il est retenu: «aucune source officielle ou militaire ne nous a précisé où il était».

«Il y a trois jours (avant qu'il ne soit arrêté, ndlr), son médecin lui a fait un contrôle et lui a prescrit un antibiotique et de l'aspégic» (aspirine), a-t-elle ajouté, sans préciser si ce dernier souffrait de maladie ou non.

Pendant qu'il était détenu, le président a fait parvenir une note à ses proches, leur demandant de lui faire parvenir ces médicaments, ce qui a pu être fait, selon elle.

La jeune femme de 28 ans, autorisée jeudi soir avec sa famille à quitter le palais présidentiel où elle était retenue depuis mercredi, recevait dans la maison où habite sa famille depuis «une quinzaine d'années», dans le quartier de Tevragh Zeina.

Des membres de sa famille, dont l'ex-première dame, recevaient des visiteurs dans autre une partie de la maison. L'épouse du président, Khattou Mint Boukhary, n'a pas voulu s'exprimer.

Le corps enveloppé d'un «melafa» (grand voile généralement porté par les Mauritaniennes) rouge et mauve, cheveux noirs apparents, la fille du président évincé s'est montrée calme tout au long de l'entretien.

Selon la fille du président, «la pire des choses qui puisse nous arriver, c'est qu'on essaie de nous salir, de faire juger le président ou de nous mettre en prison».

Avant même le coup d'État, le climat s'était alourdi. «Depuis trois mois, nous étions sur écoute. Depuis deux mois et demi, les militaires commençaient à marcher sur les plates-bandes du président. Ils s'intéressaient à la politique et ne s'en cachaient pas», a-t-elle assuré.

Mais «nous sommes optimistes et comptons sur le soutien de nombreux démocrates dans ce pays», a-t-elle conclu.