Le président soudanais Omar el-Béchir est arrivé mercredi à Juba, la capitale du sud-Soudan semi-autonome, pour sa première visite dans la région depuis près de deux ans.

Le chef de l'État, menacé par un possible mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide au Darfour (ouest du Soudan), a été accueilli par la garde d'honneur des autorités sudistes à son atterrissage à l'aéroport, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Vêtu d'un costume safari et entouré d'un important dispositif de sécurité, il s'est ensuite rendu à bord d'un cortège dans la ville où il doit signer un accord sur la production hydroélectrique.

Cet accord devrait permettre la signature ultérieure d'un contrat avec des entreprises chinoises sur la construction de trois barrages au Sud-Soudan, deux dans la région d'Equatoria et un à Bahr el-Ghazal, selon des responsables.

La Chine, qui a annoncé l'ouverture d'un consulat à Juba, a des liens étroits avec le gouvernement soudanais. Pékin, principal acheteur du pétrole soudanais, est un investisseur clé dans l'économie nationale.

M. Béchir présidera ensuite un conseil des ministres conjoint, à l'issue duquel il tiendra une conférence de presse. Son retour à Khartoum est prévu dans l'après-midi.

La dernière visite à Juba de M. Béchir remonte à janvier 2007. À l'époque, lui et son premier vice-président Salva Kiir, ancien leader du Mouvement de libération nationale du Soudan (SPLM) et qui dirige le sud-Soudan, s'étaient mutuellement accusés d'être responsables de la non-application de l'accord de paix de 2005 qui avait mis fin à une guerre civile de 21 ans.

M. Kiir avait notamment accusé le parti présidentiel, le Congrès national, de retarder l'application de certaines clauses de l'Accord de paix global (CPA) signé le 9 janvier 2005.

Le chef de l'État avait en réponse accusé les autorités sudistes de ne pas participer aux commissions chargées de superviser l'application du CPA.

Parmi les points de discorde figurent la question de la région frontalière d'Abyei, riche en pétrole et théâtre de combats meurtriers en mai, la démarcation des frontières entre le nord et le sud du pays et la répartition des ressources pétrolières.

Aux termes du CPA, le sort d'Abyei doit être fixé par un référendum en 2011. La population doit décider si la région reste dans le Nord ou est intégrée au Sud, et si le Sud doit proclamer son indépendance.

M. Béchir appelle à l'unité nationale depuis qu'il a été accusé par le procureur de la CPI Luis Moreno Ocampo, de crimes contre l'humanité et génocide au Darfour. Il a nommé Salva Kiir à la tête d'un comité de crise pour tenter de contrer la demande de mandat d'arrêt du procureur de la CPI.

La Soudan a également multiplié les contacts avec certains membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU pour tenter de faire différer les éventuelles poursuites de la CPI, alors qu'il refuse de remettre à la justice internationale deux responsables accusés de crimes de guerre au Darfour.

Le conflit au Darfour, où s'affrontent forces gouvernementales appuyées par des milices arabes et mouvements rebelles, a fait jusqu'à 300.000 morts en cinq ans, selon l'ONU, quelque 10.000 selon Khartoum.