Les Etats-Unis ont accusé la Russie de chercher à faire tomber le régime géorgien pro-occidental, alors que les bombardements russes se poursuivaient en Géorgie et que le président français Nicolas Sarkozy est attendu à Moscou pour une médiation.

La ville géorgienne de Gori est attaquée «massivement» par l'artillerie et l'aviation russes, et des troupes au sol se préparent à un assaut, a déclaré dans la nuit de dimanche à lundi à l'AFP le porte-parole du ministre géorgien de l'Intérieur, Chota Outachvili, en évoquant «des bombardements massifs».

Le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, a affirmé pour sa part que des chars russes se trouvaient dimanche sur le territoire géorgien, hors de la région séparatiste d'Ossétie du Sud.

De son coté, l'ambassadeur américain à l'ONU Zalmay Khalilzad a accusé la Russie de vouloir renverser le régime de M. Saakachvili, en évoquant des commentaires du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui aurait suggéré que le président géorgien «devait partir».

«Cela est complètement inacceptable et dépasse les bornes», a déclaré M. Khalilzad.

M. Lavrov a démenti peu après avoir tenu ces propos au cours d'une conversation téléphonique avec la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice. «Un homme qui a donné l'ordre de commettre des crimes de guerre (...) ne peut être considéré comme un partenaire de la Russie», a-t-il toutefois lancé.

Dans ce contexte toujours explosif, le Kremlin a annoncé que le président français, Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne, se rendrait à Moscou dans les prochains jours.

Sur le terrain, les opérations militaires se poursuivaient dimanche soir, avec au moins un bombardement près de Tbilissi, malgré l'appel de la Géorgie à Moscou à entamer des négociations pour mettre fin aux hostilités.

A 11h00, un avion volant très bas, a largué plusieurs bombes sur une base, comprenant une piste et une usine d'aviation, près de la capitale géorgienne, a constaté une correspondante de l'AFP.

Un avion russe a aussi largué dimanche soir une bombe à 200 m d'une piste de l'aéroport international de Tbilissi, selon le ministère géorgien de l'Intérieur, une information démentie toutefois par le ministère russe de la Défense.

Ce ministère a en revanche affirmé que des navires de guerre russes avaient coulé dimanche une vedette lance-missiles géorgienne qui tentait de les attaquer en mer Noire.

Auparavant, une détente avait semblé s'amorcer, avec le retrait par Moscou de deux navires de guerre envoyés au large des côtes de la Géorgie, qui ont rallié dans la journée le port de Novorossiïsk, un peu plus au nord, sur la mer Noire.

Plusieurs bâtiments avaient été dépêchés au large de la Géorgie pour empêcher la livraison par mer d'armes à ce pays.

L'Ukraine a menacé de son côté d'interdire aux navires de la Flotte russe de la mer Noire engagés contre la Géorgie, allié pro-occidental de Kiev, de revenir à leur port d'attache à Sébastopol dans la péninsule ukrainienne de Crimée.

Dans la journée, la Géorgie a annoncé un retrait quasi complet de ses troupes de l'Ossétie du Sud et un cessez-le-feu, tandis que l'armée russe prenait le contrôle de la capitale de la république séparatiste, Tskhinvali.

«La Géorgie fait savoir qu'elle est prête à entamer immédiatement des négociations avec la Fédération de Russie sur un cessez-le-feu et sur l'arrêt des hostilités», a déclaré le ministère géorgien des Affaires étrangères.

Toutefois, la diplomatie russe a accusé la Géorgie de poursuivre les hostilités en Ossétie du Sud.

Vers 17h00, les tirs d'armes à feu ont «cessé» à Tskhinvali, selon un responsable des forces russes de maintien de la paix cité par l'agence Interfax.

Multipliant les interventions dans les médias occidentaux, le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, a lancé un appel aux Etats-Unis pour qu'ils usent de tout leur poids diplomatique, afin de régler le conflit opposant son pays à la Russie.

«Je pense que les Etats-Unis sont le pays le plus puissant dans le monde, avec beaucoup d'influence, et qu'il y a beaucoup de moyens diplomatiques qui peuvent être utilisés», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision américaine CNN.

La Maison Blanche a averti Moscou que le conflit pourrait avoir un impact «important» sur ses relations à long terme avec les Etats-Unis et que la réaction russe au retrait géorgien, si celui-ci était confirmé, serait «un test».

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, arrivé dimanche soir à Tbilissi, a appelé à «trouver des moyens pour un cessez-le-feu immédiat», lors d'une rencontre avec le président géorgien.

Plus de deux mille personnes, «dans leur écrasante majorité des citoyens russes», ont péri en Ossétie du Sud depuis le début de l'offensive géorgienne, a affirmé Grigori Karassine, un vice-ministre russe des Affaires étrangères.

Côté géorgien le bilan officiel est de 92 morts dont 40 civils.

Environ 30 000 personnes - soit près la moitié de la population - ont fui les combats en Ossétie du Sud et 10 000 en Géorgie, a annoncé à l'AFP une porte-parole de la Croix-Rouge internationale (CICR).

Deux journalistes, un correspondant de l'hebdomadaire Russian Newsweek et un photographe de l'agence de presse russe Itar-Tass, ont été tués en Ossétie du Sud où ils étaient entrés avec l'armée géorgienne, selon la radio Echo de Moscou.

La moitié du contingent géorgien en Irak, où sont stationnés 2 000 hommes au total, est revenu dimanche en Géorgie et sera transféré sur la zone du conflit, selon les autorités géorgiennes.