Salim Ahmed Hamdan, le «combattant ennemi» détenu à Guantanamo depuis plus de six ans et condamné à cinq ans et demi de prison jeudi par un tribunal militaire d'exception pour «soutien matériel au terrorisme», est un orphelin yéménite peu religieux, devenu chauffeur de ben Laden.

Né dans la région de l'Hadramaout, au Yémen, autour de 1970, Salim Hamdan s'est retrouvé orphelin à 9-10 ans et est parti vers 20 ans à Sanaa pour trouver du travail, selon Emily Keram, une psychiatre citée comme témoin lors de son procès.

Dans un livre sorti début août qui lui est consacré, l'auteur Jonathan Mahler décrit une vie modeste de chauffeur de taxi lorsqu'il est recruté pour participer à la «guerre sainte» en 1996, à l'âge de 26 ans.

Le jeune homme, qui a un niveau d'éducation très faible, y voit un moyen de «gagner de l'argent pour un travail sérieux», selon Jonathan Mahler. «Sa première motivation n'était pas idéologique mais financière, pour pouvoir retourner au Yémen avec assez d'argent pour se marier», confirme Mme Keram.

Il part donc avec un groupe de 35 musulmans vers le Tadjikistan pour venir en aide à des militants islamistes qui combattaient contre le gouvernement soutenu par la Russie. Mais la même année, le groupe est refoulé à la frontière avec l'Afghanistan et il fait bientôt appel à Oussama ben Laden, le chef saoudien d'Al-Qaïda, installé en Afghanistan.

Hamdan a travaillé à son service pendant plusieurs années, d'abord à Farm Hada, un village proche de Jalalabad, dans l'est du pays, puis à Kandahar, dans le sud, selon l'écrivain.

«A diverses occasion entre 1996 et novembre 2001, Hamdan a conduit ou accompagné Oussama ben Laden dans divers camps d'entraînement d'Al-Qaeda, des conférences de presse ou des rencontres», précise l'acte d'accusation d'Hamdan.

Selon ce document, le Yéménite aurait reçu une formation sur l'utilisation des fusils, des armes de poing et mitraillettes dans un camp du réseau terroriste et aurait «acheminé des armes, des munitions ou d'autres fournitures aux membres d'Al-Qaïda et leurs associés», une charge pour laquelle il a été condamné.

Salim Hamdan était très reconnaissant envers son employeur qui, bien que très riche et de classe sociale très élevée, le traite avec respect et le paie bien (jusqu'à 200 dollars par mois), a expliqué Mme Keram.

Selon elle en revanche, il n'avait aucun goût pour les discours de son employeur qu'il trouvait «ennuyeux». Mais il lui était très attaché et l'a laissé choisir sa femme, avec laquelle il a eu deux filles.

Fin novembre 2001, Hamdan est capturé par des Afghans et remis aux troupes américaines, selon l'écrivain. Il passe plus de six mois dans des camps de prisonniers américains à Bagram et Kandahar, au cours desquels il est soumis à de multiples interrogatoires et subit des privations de sommeil.

Il arrive en mai 2002 à Guantanamo et est inculpé de «complot» et «soutien matériel au terrorisme» en juillet 2003.

En juin 2006, le sérieux revers infligé par la Cour suprême au président George W. Bush, accusé d'avoir outrepassé son pouvoir en créant des tribunaux militaires d'exception, porte son nom. Invalidés quelques mois, ces tribunaux ont cependant été rétablis par le Congrès.

Pendant ses plus de six ans de détention, Salim Hamdan a beaucoup souffert d'avoir la plupart du temps été placé à l'isolement total, a-t-il témoigné pendant les audiences préliminaires au procès, évoquant également une séance humiliante d'interrogatoire par une femme.