Arrivée à Tbilissi il y a un mois pour étudier la langue ossète, l'étudiante montréalaise Nadia Proulx a eu la frousse de sa vie, il y a deux jours, quand l'explosion d'une bombe l'a tirée du lit au milieu de la nuit.

Après deux journées extrêmement stressantes, au cours desquelles elle a envisagé de quitter Tbilissi devant la menace d'une attaque russe, c'est avec soulagement qu'elle a accueilli l'annonce de l'arrêt de l'offensive militaire, hier.

Mais tout comme ses voisins Géorgiens ou Ossètes de Tbilissi, l'étudiante en anthropologie ne se fait pas d'illusions: même si les tirs se sont tus, le conflit entre Russes et Géorgiens est loin d'être réglé.

Hier après-midi, la jeune femme de 29 ans a assisté à une manifestation pro-gouvernementale à Tbilissi. Elle en est revenue avec une certitude: les Géorgiens ne se laisseront pas intimider par le coup de force de Moscou. Et ils n'accepteront jamais de laisser partir l'Ossétie-du-Sud et l'Abkhazie, les deux régions sécessionnistes de la Géorgie.

Gonflés à bloc, les manifestants qu'elle a croisés devant le Parlement géorgien agitaient des drapeaux, scandaient le nom de leur pays et des slogans nationalistes.

Oui, ils étaient soulagés de voir s'arrêter «la machine de guerre» qui, encore la veille, semblait foncer sur la capitale. Mais ce qui a surtout frappé Nadia Proulx, c'est leur «fièvre patriotique».

«Pour eux, l'Abkhazie et l'Ossétie-du-Sud font partie du territoire géorgien et même s'ils n'ont pas envie de se retrouver en guerre, ils sont prêts à se battre pour empêcher la sécession.»

Au cours des derniers jours, alors que la tension montait dans la capitale, Nadia Proulx a eu l'occasion de discuter avec de nombreux voisins, collègues et amis. Ce qu'elle en retient, c'est que les opinions sur les événements des derniers jours sont très partagées.

«Certains sont très déçus que leur président les ait entraînés dans un affrontement qui a mis le pays à feu et à sang. D'autres lui reprochent au contraire de ne pas avoir eu une réaction assez musclée devant l'offensive russe. Il y en a aussi qui disent que tout est la faute des Russes», relate-t-elle.

Mais peu importe les divergences politiques: Mme Proulx n'a pas rencontré un seul Géorgien prêt à accepter le départ des deux régions rebelles soutenues par Moscou.

Autre sujet d'unanimité: plus question d'accepter que des soldats russes fassent partie d'un contingent de maintien de la paix, comme c'était le cas depuis la guerre qui a ensanglanté la région au début des années 90. Pour qu'un cessez-le-feu ait des chances de tenir, il va falloir une force de paix internationale, croit Mme Proulx qui craint que l'apaisement des hostilités ne soit qu'«un intermède dans un conflit qui peut exploser de nouveau.»