Les rebelles du Darfour ont accusé mercredi l'armée soudanaise d'avoir lancé une vaste offensive dans le nord de cette région de l'ouest du Soudan, aux confins de la frontière avec la Libye.

Il y a trois jours, les troupes gouvernementales, embarquées dans quelque 270 véhicules, ont notamment mené un assaut contre Atroun, une localité de cette région retirée, y chassant les rebelles de l'Armée de libération du Soudan (SLA), a déclaré à l'AFP par téléphone un chef rebelle.

Souleimane Marajan a affirmé que l'ALS contrôlait cette région depuis 2003, date du début de la rébellion lancée au Darfour pour réclamer une plus grande autonomie et une meilleure répartition des richesses.

«Mais maintenant, ils sont venus, ont attaqué et ont pris le contrôle de ces régions», a dit M. Marajan, un commandant de la SLA, dirigée par le leader en exil, Abdel Wahdi Mohammed Nour.

Selon M. Marajan, huit civils et neuf combattants du SLA ont trouvé la mort dans le cadre de l'offensive contre Atroun.

Il a affirmé que les forces gouvernementales étaient sur le point de lancer d'autres attaques dans le nord du Darfour pour y prendre des positions tenues par les rebelles.

«Le gouvernement nous trompe et trompe la communauté internationale. Ils vont détruire tous ces endroits pour les contrôler», a-t-il dit.

Un porte-parole de l'armée soudanaise s'est refusé à tout commentaire, arguant ne pas vouloir réagir sur «des déclarations de rebelles du Darfour».

La force de paix ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) n'a pu jusqu'à présent déployer qu'un tiers des 26.000 hommes prévus, et n'a toujours pas reçu 24 hélicoptères de transport et de combat, indispensables pour surveiller efficacement un territoire grand comme la France.

Le conflit au Darfour, où s'affrontent depuis 2003 forces gouvernementales appuyées par des milices arabes et mouvements rebelles, a fait jusqu'à 300 000 morts, selon l'ONU, quelque 10 000 selon Khartoum.

Le commandant Marajan a affirmé en outre que des techniciens chinois étaient arrivés dans cette région désertique du Darfour pour y envisager une exploration pétrolière.

Selon des médias internationaux, des compagnies pétrolières chinoises, déjà très majoritairement implantées au Soudan, discuteraient avec le pouvoir de Khartoum d'un démarrage de l'exploration dans cette partie du Darfour, sous protection de l'armée soudanaise.