Soudain, Hillary Clinton entre dans un Pepsi Center plein à craquer. Face à des milliers de délégués survoltés, elle interrompt le processus de comptage des voix et livre clés en main la nomination démocrate à son ex-rival, Barack Obama.

Dans une mise en scène qui n'a épargné aucun effet dramatique, l'ex-Première dame est arrivée à 16H40 (18H40 HAE) au milieu d'une belle bousculade parmi les rangs des délégués de l'État de New York dont elle est la sénatrice.

Depuis une quarantaine de minutes, par ordre alphabétique et en commençant donc par l'Alabama (sud), les 56 États et territoires représentés lors de cette convention faisaient connaître leur choix.

Avec quelques surprises: le New Jersey, État normalement acquis à Mme Clinton, a voté à l'unanimité pour M. Obama, tout comme l'Arkansas, dont Bill Clinton a été le gouverneur.

Mais arrivé au 35e sur la liste, le Nouveau-Mexique, ce dernier État a indiqué s'en remettre à l'Illinois, l'État de M. Obama.

À leur tour, les responsables de la délégation de l'Illinois ont appelé New York à s'exprimer et c'est Mme Clinton qui a bientôt pris la parole.

«Je demande que le sénateur Obama soit choisi par cette convention par acclamation comme candidat du parti démocrate pour la présidence des États-Unis», a dit Mme Clinton, la voix forte et assurée.

Une explosion de joie a couvert les derniers mots de l'ex-Première dame. Avant l'interruption du vote, M. Obama comptait 1549 voix contre 341 pour Mme Clinton. Il fallait 2210 voix pour être proclamé candidat, mais les règles prévoient aussi qu'une nomination peut être acquise par acclamation.

«C'est avec une grande fierté que j'annonce que Barack Obama est le candidat démocrate pour être président des États-Unis, par acclamation!», a lancé, radieuse, la présidente en exercice de la convention et présidente de la chambre des représentants, Nancy Pelosi.

À la sortie du Pepsi Center, quelques minutes plus tard, les délégués interrogés par l'AFP, quel qu'ait été leur choix initial entre Mme Clinton ou M. Obama, apparaissaient apaisés et satisfaits de la façon dont la procédure s'était déroulée.

«Je ne peux pas imaginer une meilleure façon que de voir la sénatrice Clinton elle-même être celle qui l'a déclaré candidat par acclamation», explique David Whitaker, originaire de New York et qui a trouvé le moment «spectaculaire». «L'effet qu'il a eu sur de nombreux délégués a été formidable», a-t-il dit.

«Il y avait beaucoup de femmes dans ma délégation qui s'étreignaient en pleurant», témoigne Zachary Smith, un délégué de l'État de Washington (nord-ouest) et partisan de l'ancienne First Lady.

«C'était vraiment la bonne chose à faire, et cela a montré beaucoup de classe» de la part de Mme Clinton, renchérit le gouverneur de Hawaï, John Waihee, un soutien de M. Obama. «Nous avons toujours été un parti de grincheux, mais nous sommes désormais plus unis que je ne l'ai jamais vu», dit-il à l'AFP.

«Je suis très heureuse et très triste à la fois», explique pour sa part Tess Bannion, une déléguée du Kansas (centre) qui avait soutenu Mme Clinton. «Mais nous allons nous mettre en ordre et aider Barack», promet-elle.

Zachary Smith regrette que «mon État (Washington) était plus loin dans la liste (alphabétique) et nous n'avons pas pu voter. Mais ce n'est pas grave, je comprends la procédure», dit-il.

Tous quatre se disent persuadés que les démocrates sont désormais unis pour de bon pour faire en sorte que M. Obama devienne le premier Noir président des États-Unis, après être entré dans l'histoire mercredi en décrochant la nomination d'un grand parti.

«Nous allons faire des réservations à Washington pour le 20 janvier», la date de prestation de serment du 44e président des États-Unis, affirme M. Whitaker.