L'Espagne était sous le choc jeudi alors que débutait l'enquête sur l'accident d'avion de mercredi à l'aéroport de Barajas à Madrid qui a fait 153 morts et 19 blessés, dont certains luttaient contre la mort dans les hôpitaux de la région.

Sur les 19 personnes soignées dans six hôpitaux de la région de Madrid, quatre étaient jeudi dans un état «très grave», six dans un état grave, huit en observation,»dans un état favorable» et il y avait un blessé léger, a indiqué à l'AFP une porte-parole de la direction régionale de la santé.

Les blessés souffrent de graves brûlures, de traumatismes crâniens et de fractures, dont de nombreuses ouvertes. Parmi eux, figurent deux petits garçons de 8 et 6 ans et une petite fille de 11 ans. Une femme dans le coma n'était toujours pas identifiée jeudi matin.

Le roi d'Espagne, Juan Carlos, et son épouse la reine Sofia, devaient se rendre à la mi-journée au terminal 4 de l'aéroport de Madrid où a eu lieu l'accident, avant d'aller à l'IFEMA, le Centre des Congrès près de Madrid où ont été regroupés les corps à des fins d'identification.

Le maire de Madrid, Alberto Ruiz Gallardon, a appelé à un rassemblement silencieux à 12h00 (06h00 HAE) sur la place de Cibeles, en plein centre-ville, et trois jours de deuil ont été décrétés dans la capitale et sa région.

Aux Canaries, destination du vol JK 5022 de la compagnie Spanair, partagé avec la compagnie allemande Lufthansa, le gouvernement régional a appelé à cinq minutes de silence à midi et décrété trois jours de deuil.

L'avion, qui devait se rendre à Las Palmas, s'est écrasé mercredi lors du décollage vers 14h45 (08h45 HAE) puis s'est embrasé.

«J'ai entendu un bruit horrible et j'ai été projetée (...) En levant la tête, j'ai vu des corps éparpillés» parmi des objets fumants, a déclaré l'une des rescapées, Ligia Palomino.

Les témoignages de secouristes cités dans les médias faisaient état d'une multitude de corps carbonisés dans un décor apocalyptique. «L'enfer à Barajas» titraient plusieurs grands journaux espagnols.

Selon Paris, trois Français figurent parmi les personnes tuées dans l'accident alors que les médias notaient la présence de passagers suédois, bulgare, colombien et peut-être allemands dans ce vol vers une destination touristique très prisée.

Le gouvernement a promis toute la diligence possible dans le travail de la commission d'enquête. La ministre des Infrastructures Magdalena Alvarez a indiqué jeudi concernant l'accident que l'avion était «monté à 200 pieds, environ 50 mètres avant de tomber».

Les regards se tournaient vers Spanair, deuxième compagnie espagnole, filiale du groupe scandinave SAS, qui traverse des difficultés et vient d'annoncer le départ d'environ un quart de ses effectifs.

Le quotidien madrilène El Mundo n'hésitait pas à titrer en Une jeudi que «La crise de Spanair débouche sur une tragédie avec 150 morts», alors que les médias faisaient état de problèmes de fonctionnement de la compagnie aérienne, qui devait tenir une conférence de presse en milieu de journée.

Mme Alvarez a révélé jeudi matin que les services techniques de Spanair, «assumant leur responsabilité», avaient autorisé le redécollage de l'avion alors que le pilote était revenu après avoir détecté un problème.

«Dans une première tentative, le pilote est parti puis est revenu parce qu'il avait détecté quelque chose, qui devra être déterminé par la commission d'enquête», a déclaré Magdalena Alvarez à la radio nationale.

Les boîtes noires ont été retrouvées et mise à la disposition des enquêteurs.

Mme Alvarez a précisé qu'il faudrait encore deux jours pour identifier toutes les victimes dont les corps ont été déposés à l'IFEM. «Jusqu'ici, ils ont été identifiés par leurs empreintes digitales (...) Dans certains cas, il faudra réaliser des tests ADN», a-t-elle déclaré.