Plusieurs partis de gauche, dont les communistes, ont annoncé mardi qu'ils se retiraient du gouvernement indien de coalition pour protester contre un accord sur le nucléaire civil entre New Delhi et Washington.

Le premier ministre indien Manmohan Singh a estimé que la stabilité du gouvernement de coalition ne serait pas affectée par le départ de ces partis de gauche.

«Je viens de l'apprendre. Je ne pense pas que cela affectera la stabilité de notre gouvernement», a déclaré M. Singh, actuellement à Sapporo (Japon) pour participer au sommet du G8.

Cette décision ne devrait pas entraîner la chute du gouvernement conduit par le parti du Congrès, qui avait conclu un accord la semaine dernière avec un parti régional.

Le chef des marxistes, Prakash Karat, a indiqué que le «temps est venu» pour la gauche de quitter la coalition après la décision du premier ministre de mettre en oeuvre l'accord sur le nucléaire.

«Nous avons demandé à être reçus par le président pour formellement retirer notre soutien demain», a indiqué M. Karat.

La vie politique en Inde est empoisonnée depuis un an par cet accord nucléaire négocié de 2005 à 2007 entre l'Inde et les États-Unis, la pierre angulaire de leur rapprochement diplomatique.

Le premier ministre Manmohan Singh et Sonia Gandhi, chef du parti du Congrès, veulent mettre en oeuvre le texte en bouclant des négociations avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et avec les 45 pays du Groupe des fournisseurs nucléaires (NSG).

Seuls ces feux verts permettront à l'Inde --aux besoins énergétiques colossaux, mais qui refuse de signer le Traité de non prolifération nucléaire (TNP)-- d'acheter des réacteurs et du combustible.

Les partis de gauche qui ont quitté la coalition vont maintenant tenter d'obtenir un vote au Parlement sur une motion de confiance au gouvernement, selon l'agence indienne PTI, citant un dirigeant de gauche.

Le parti du Congrès a dans le même temps reproché à la gauche d'avoir mal choisi le moment pour retirer son soutien à la coalition, alors que le premier ministre Singh participe au G8 au Japon.

«Le chef du parti du Congrès, Sonia Gandhi, a appelé à une réunion d'urgence pour discuter des développements politiques», a indiqué à l'AFP un porte-parole du parti.

En quittant la coalition, les partis de gauche, qui représentent 59 parlementaires, veulent placer le gouvernement en minorité, provoquant un vote de confiance, une possible démission et des législatives dès décembre, avant la date prévue de mai 2009.

Le parti du Congrès, élu en 2004, craint pour sa part un scrutin anticipé car sa popularité souffre d'une inflation record à plus de 11% qui touche les centaines de millions de pauvres, son vivier électoral.

La gauche s'oppose à un partenariat stratégique avec les États-Unis. Les communistes refusent que l'Inde, puissance nucléaire militaire d'Asie du Sud, «perde sa souveraineté», notamment quant à son droit de conduire d'autres essais atomiques après ceux de 1974 et 1998.

La Maison-Blanche a averti mardi que le temps était compté en vue de la ratification de l'accord entre New Delhi et Washington.