Le président George W. Bush a signifié jeudi, pour la première fois aussi clairement, qu'il pourrait ordonner le retrait de plus de soldats américains dans quelques semaines grâce à la diminution de la violence en Irak.

Si M. Bush a répété que ces progrès restaient «réversibles», il a pour la première fois fait sienne l'évaluation de ses représentants militaire et civil en Irak selon lesquels «il semble désormais que les progrès que nous avons faits ont un certain caractère de durabilité».

Dans une déclaration de quelques minutes, M. Bush a été bref et vague sur une autre question importante: la présence militaire américaine à long terme en Irak, objet de négociations ardues avec le gouvernement irakien.

L'administration Bush n'est visiblement pas parvenue à conclure ces tractations avant ce 31 juillet comme elle le souhaitait. Mais M. Bush a fait état là aussi de «progrès» dans des discussions, mal parties il y a quelques semaines.

Les deux gouvernements sont à présent proches d'un accord parce que l'administration Bush a consenti à un «horizon temporel» au-delà duquel les troupes de combat américaines ne seraient plus en Irak, écrivait jeudi le quotidien The New York Times, citant des officiels des deux bords.

La déclaration de M. Bush a été arrangée à la hâte pour ce 31 juillet. La date était significative parce qu'avant fin juillet, les Etats-Unis ont fait rentrer les renforts déployés en 2007 quand l'Irak menaçait de sombrer dans le chaos.

Le 31 juillet marquait aussi la fin des missions de 15 mois en Irak pour les soldats américains. A partir de vendredi, elles reviennent aux 12 mois qui étaient la règle avant l'envoi d'environ 30.000 hommes supplémentaires en 2007.

Le rapatriement de ces renforts ouvrait une période de gel des effectifs et d'évaluation.

À l'issue de celle-ci, le général David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak, «me présentera ses recommandations sur le futur niveau des troupes, y compris de nouvelles réductions des forces de combat, en fonction des conditions», a dit M. Bush.

Le général Petraeus a dit lundi escompter être en mesure de livrer ces recommandations dans un mois.

«Mais, encore une fois, nous verrons quelles seront les conditions à ce moment-là», a-t-il dit.

Il a aussi assuré que la détérioration de la situation en Afghanistan et la nécessité de renforts là-bas faisaient partie de sa réflexion.

M. Bush a lui aussi conditionné toute décision aux conditions sur le terrain. Or «la violence en Irak est à son plus bas niveau depuis le printemps 2004» et la tendance à la diminution est constante, a-t-il observé jeudi.

De nouveaux retraits auraient lieu en pleine campagne présidentielle américaine. L'Irak en est un thème majeur.

Le démocrate Barack Obama promet de faire rentrer toutes les unités de combat dans les 16 mois. Le républicain John McCain soutient le refus de M. Bush de s'engager à une date ferme dissociée de la situation du moment.

Les dirigeants irakiens ont paru faire le jeu de M. Obama en réclamant ouvertement un retrait en 2010 dans les négociations sur l'avenir de la présence américaine.

Selon le New York Times, ces négociations ont été débloquées parce que M. Bush a accepté l'idée d'un «horizon» et d'un «objectif souhaitable» de retrait.

L'accord qui se dessine ne spécifie pas de date, dit le journal. Mais il satisfait nombre des exigences irakiennes, à commencer par la garantie que les troupes étrangères ne seraient pour ainsi dire plus «visibles», dit-il.

Les soldats américains auraient une autorisation renouvelable d'année en année, ce qui permettrait d'aviser selon que les conditions s'amélioreraient ou empireraient; ils pourraient mener des opérations, mais avec la permission des autorités irakiennes; ils conserveraient l'immunité en opérations et sur leurs bases, dit le journal.

Il y a 142 500 soldats américains en Irak, selon la Force multinationale.