L'administration Bush a appelé tout le monde au calme au Soudan, s'inquiétant clairement de la réaction au mandat d'arrêt demandé contre le président Omar el-Béchir et prenant des mesures pour la sécurité des personnels américains.

Elle s'est gardée de dire si elle approuvait ou désapprouvait la demande de mandat d'arrêt. Elle a souligné à la fois ne pas être partie prenante à la Cour pénale internationale (CPI) et être favorable au principe que les coupables d'exactions rendent des comptes.

Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a demandé lundi aux juges de la Cour à La Haye un mandat d'arrêt contre M. el-Béchir pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à la guerre civile et à une grave crise humanitaire.

Cette demande place l'administration Bush dans une situation particulière. Les Etats-Unis ne sont pas partie prenante à la CPI. Mais le président George W. Bush a été l'un des plus ardents à dénoncer l'existence d'un génocide.

D'un autre côté, la demande de mandat d'arrêt a suscité la crainte de représailles contre les populations. Elle a aussi provoqué l'inquiétude quant aux conséquences pour la force mixte ONU-Union africaine (Minuad) chargée du maintien de la paix dans la région et pour les efforts de paix, alors que le Darfour est l'une des grandes causes humanitaires et diplomatiques de la présidence Bush.

«Nous allons suivre la situation à La Haye et examiner ce que le procureur a demandé», a dit un porte-parole de la Maison Blanche, Gordon Johndroe.

«Nous sommes évidemment fermement du côté de ceux qui réclament que des comptes soient rendus, et nous avons été parmi les plus éloquents sur la question», a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Sean McCormack.

Dans l'immédiat, «nous appelons instamment toutes les parties à garder le calme», a dit M. Johndroe.

L'ambassade des Etats-Unis a pris des mesures de sécurité «appropriées» pour son personnel à Khartoum et à Juba (sud), et a rappelé au gouvernement soudanais son obligation de veiller à la sécurité de ces personnes, a dit M. McCormack.

Il n'a pas précisé les mesures prises.

M. Bush a rencontré lundi son envoyé spécial pour le Soudan, Richard Williamson, et s'est dit «profondément inquiet de l'insécurité croissante et de l'impact que cela a sur les civils et sur les humanitaires qui risquent leur vie pour les protéger», a rapporté sa porte-parole, Dana Perino.

Mme Perino n'a pas voulu lier directement la rencontre entre MM. Bush et Williamson et les développements de La Haye. Mais elle a signifié que les entretiens avaient porté sur le déploiement de la force mixte de paix.

M. Bush s'est dit «inquiet devant le fait que, près d'un an après l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité autorisant une force de maintien de la paix au Darfour, cette force ne s'est toujours pas entièrement déployée et ne soit pas capable de protéger une grande partie des populations civiles», a dit Mme Perino.

«Nous examinons ce que les Etats-Unis peuvent faire de plus pour augmenter le nombre et l'efficacité des soldats de la force de paix», a-t-elle dit.

Elle n'a pas précisé quelles mesures étaient envisagées.

Les Etats-Unis ont retiré en 2002 leur signature au statut de Rome établissant un tribunal jugeant les crimes les plus graves qui touchent la communauté internationale.

L'administration Bush avait alors invoqué la souveraineté nationale et la possibilité que la Cour pénale internationale remette en cause des décisions de la justice américaine. Cette décision a été largement considérée comme motivée par la crainte que des soldats et des diplomates américains ne soient jugés par cette cour. Elle a renforcé les accusations d'unilatéralisme contre l'administration Bush.