Hérissée de drapeaux verts et noirs, la foule de centaines de milliers de pèlerins venus à Bagdad pour l'un des plus grands rassemblements de l'islam chiite, défile dans la capitale irakienne placée en état d'alerte au lendemain d'attentats suicide qui ont fait au moins 25 morts.

Les autorités attendent jusqu'à un million de pèlerins autour de la mosquée de Kadhimiyah, dans le nord de Bagdad, dans laquelle se trouve le mausolée de l'imam Moussa al-Kadhim, figure révérée du chiisme.

Quelque 5000 policiers ont été déployés dans le quartier de Kadhimiyah, la circulation automobile a été interdite depuis mardi 5h (22h lundi, heure de Montréal) jusqu'à mercredi à la même heure dans toute la ville qui compte nombre de barrages supplémentaires.

Des volontaires distribuent gratuitement de l'eau et de la nourriture aux pèlerins passant devant eux, dont beaucoup ont marché toute la journée en défiant les menaces potentielles pesant sur la capitale irakienne.

«En dépit des explosions qui sont survenues, je vois des gens qui sont unis et déterminés à effectuer la visite au mausolée de Kadhimiyah», se réjouit Alaa Abdel Hussein. A ses côtés, un de ses fils brandit une pancarte: «que la paix soit avec vous».

Lundi, trois kamikazes, supposés être des femmes, se sont fait exploser dans la foule à Bagdad, faisant au moins 25 tués et 75 blessés.

Un autre attentat suicide suivi de coups de feu a fait au moins 25 tués et 126 blessés dans la ville de Kirkouk (nord de l'Irak), faisant de lundi une des journées les plus sanglantes depuis des mois dans l'Irak ravagé par la guerre jusqu'à il y a peu.

Bien que la fréquence des attentats suicide et des meurtres confessionnels ait baissé drastiquement dans la capitale irakienne, après un pic de violences en 2006, les violences de lundi ont mis en évidence la difficulté pour les forces irakiennes de maintenir une paix fragile.

Aucune nouvelle violence n'a été signalée mardi, durant le pèlerinage visant à commémorer l'anniversaire de la mort de l'imam Moussa al-Kadhim.

Selon la légende chiite, le 7e imam aurait été enterré dans la mosquée de Kadhimiyah après avoir été empoisonné en 799 à Bagdad par le calife abasside Haroun al-Rachid, alors au pouvoir.

«Les gens ne viennent ici que pour une raison, rendre hommage à l'imam Kadhim», lance Hussein Karim, un enseignant de Bagdad qui essaie de soulager un peu les pèlerins accablés de chaleur passant devant lui en les aspergeant d'eau.

Bien que le rassemblement soit censé être un moment de prière et de recueillement avec la famille et les amis, il a été par le passé la cible d'attentats sanglants perpétrés par des milices d'insurgés irakiens.

Les attaques de lundi, surtout l'utilisation de femmes kamikazes, portent le sceau de la tactique d'Al-Qaïda en Irak, bien que la police ait été pour le moment incapable de confirmer l'implication de la mouvance sunnite extrémiste.

Les Etats-Unis ont condamné ces attaques.

«Les cibles de ces attaques lâches et brutales sont des Irakiens innocents, hommes, femmes et enfants qui voulaient exercer librement leurs droits démocratiques et leur foi religieuse», a déclaré l'ambassadeur américain en Irak, Ryan Crocker.

«Nous travaillerons en étroite collaboration avec le peuple et le gouvernement irakiens afin de faire face à ces actes horribles avec calme et détermination», a-t-il ajouté.

Le 31 août 2005, la mosquée de Kadhimiyah avait déjà été la cible d'une attaque au mortier qui avait tué sept personnes, lors du même pèlerinage.

Le même jour, un mouvement de panique, à cause de rumeurs sur la présence de kamikazes dans la foule, avait provoqué la mort de 965 personnes.