Souvent qualifié de «star» de la politique américaine, Barack Obama va paradoxalement devoir se démarquer des célébrités venant le soutenir en nombre lors de la convention démocrate à Denver, soulignent des observateurs.

Alors que la campagne de son rival John McCain a récemment attaqué le sénateur de l'Illinois sur sa «célébrité» en le comparant dans un spot télévisé aux starlettes Paris Hilton et Britney Spears, M. Obama risque de vouloir éviter tout ce qui pourrait rappeler ces affirmations aux électeurs.

«Si j'étais Barack Obama, à l'heure actuelle, j'espérerais contre vents et marées que les célébrités restent discrètes à mon sujet», souligne Robert Thompson, professeur expert en télévision à l'université de Syracuse et spécialiste de la culture populaire.

«C'est vrai qu'après le spot de McCain sur la célébrité, toute personnalité hollywoodienne qui viendrait s'ajouter à la liste de partisans d'Obama constituerait une nouvelle preuve à l'appui de l'argumentation de McCain», développe l'universitaire.

Parmi les stars soutenant M. Obama et attendues à Denver figurent les acteurs Ben Affleck, Josh Brolin, Annette Bening, Anne Hathaway, Susan Sarandon et Charlize Theron, ainsi que le réalisateur Spike Lee. Le chanteur Will.i.am et l'actrice Scarlett Johansson ont enregistré des chansons de soutien au candidat ces derniers mois.

Mais certaines célébrités ont déjà pris acte du fait que leur appui à M. Obama pourrait le desservir. George Clooney, partisan de la première heure, a même publié un inhabituel communiqué pour démentir se trouver en contact régulier avec le candidat.

«Je n'ai jamais envoyé de textos ou de courriers électroniques au sénateur Obama», a écrit le populaire comédien. «Et j'offre un million de dollars à quiconque pourra prouver le contraire. Je n'ai parlé à M. Obama qu'à une seule reprise ces 18 derniers mois, au téléphone».

Non qu'un soutien de «people» soit nécessairement contre-productif, explique M. Thompson: «les gens de (l'équipe de campagne de) McCain ont voulu transformer les atouts de M. Obama - charisme, séduction, aimé de la presse - pour les transformer en passif».

«Le camp Obama devrait répondre en disant: +c'est une bonne chose. M. Obama a conduit les gens à oublier Britney Spears et Paris Hilton. C'est un candidat qui a un projet auquel les gens font attention+», suggère M. Thompson.

Todd Boyd, professeur d'études critiques spécialisé dans le cinéma à l'Université de Californie du sud (USC) de Los Angeles, partage cet avis.

«Être populaire devrait être une bonne chose si vous faites campagne pour devenir président», observe-t-il: «si (comme M. Obama) John McCain pouvait attirer 250 000 personnes à Berlin, il le ferait. S'il pouvait remplir un stade de football lors de sa convention, il le ferait».

Pour M. Boyd, l'idée sous-jacente du spot télévisé sur la «célébrité» attribuée à M. Obama est que l'on ne peut pas faire confiance à Hollywood.

«Les républicains en appellent à l'idée que Hollywood, la célébrité, la popularité sont des valeurs de gauche, détachées de la réalité», dit-il. M. Obama, assure-t-il, aurait tort de ne pas rendre coup pour coup sur le même terrain «négatif».

«Que ce soient Al Gore ou John Kerry, les démocrates ont l'habitude de ne pas être capables de jouer sur le même terrain que les républicains», selon lui. «Quelque part, ils pensent que si l'on reste digne, cela va attirer les gens et que les gens n'aiment pas les publicités de campagne négatives».

«Mais les gens aiment la négativité, ils l'adorent, ils s'y vautrent. Les républicains le savent et prospèrent là-dessus», observe M. Boyd.