En tenant leur convention à Denver (Colorado), le parti démocrate et son candidat Barack Obama espèrent donner l'impulsion à une conquête électorale d'États de l'Ouest longtemps considérés comme des bastions républicains.

Les États du Colorado, du Nevada et du Nouveau-Mexique, qui totalisent 19 grands électeurs sur les 270 nécessaires afin d'enlever la Maison-Blanche, constituent un objectif de premier plan pour les démocrates, soulignent des analystes et des observateurs de la politique américaine.

«Je crois qu'Obama et Biden ensemble peuvent nous aider à remporter le Colorado», a affirmé dimanche sur Fox News, le gouverneur démocrate de cet État Bill Ritter.

«L'Ouest a changé», a souligné M. Ritter et les électeurs des États qui le composent s'attachent moins à l'étiquette du candidat qu'à son message. «Ils votent pour le candidat dont le message est juste» a-t-il dit expliquant que la promesse de changement de M. Obama rencontrait un écho au Colorado et dans les États voisins.

L'histoire électorale montre que ces trois États ont rarement échappé aux républicains. En 2004 encore, George W. Bush y avait remporté la majorité des voix, comme dans l'Arizona voisin, le fief du concurrent de M. Obama, John McCain.

En 40 ans, seul Bill Clinton a réussi à faire basculer ces États dans son escarcelle, lors de son élection en 1992 et de sa réélection quatre ans plus tard.

Un sondage publié dimanche par l'université Quinnipiac place les deux candidats pratiquement à égalité dans le Colorado avec un léger avantage pour le républicain John McCain (47% contre 46%). Fin juillet, M. McCain avait deux points d'avance (46% contre 44%).

La victoire de M. Bush en 2004 au Colorado, Nevada et Nouveau-Mexique n'avait été acquise qu'à moins de 10 points de différence, ce qui semble signifier que tout est possible dans une région qui connaît de profonds bouleversements démographiques.

Depuis 2000, la population du Nevada a ainsi crû de 20,8%. Celle du Colorado, de 9%. Et pour Patty Limerick, professeur d'histoire à l'Université du Colorado, nombre d'électeurs en ont assez du statu quo politique.

«Il y a de plus en plus d'électeurs qui se demandent: 'quelle direction a pris mon parti?'. Et j'ai entendu davantage de républicains que de démocrates poser la question», assure-t-elle à l'AFP.

«Le parti républicain doit relever le défi de réconcilier ceux qui sont républicains parce qu'ils ne veulent pas que l'on intervienne dans leur vie privée, et ceux qui sont républicains parce qu'ils veulent intervenir dans la vie privée des autres», résume-t-elle pour évoquer les ailes «libertaire» et «dirigiste» du parti de M. McCain.

Parmi les enjeux principaux de l'élection dans cette région autrefois désignée comme le «Far-West» et qui s'étend des Rocheuses au désert du Mojave voisin du Mexique, figurent l'environnement, la politique énergétique et l'immigration, selon l'universitaire.

«La main d'oeuvre immigrée est vitale dans énormément de secteurs de l'économie de la région: le bâtiment, le tourisme, l'agriculture. Et beaucoup de gens comprennent que fermer la frontière aurait des conséquences importantes sur les prix des aliments et leur approvisionnement», dit-elle, alors que M. McCain s'est récemment affiché comme un «dur» en matière d'immigration.

Pour David Damore, professeur de sciences politiques à l'Université du Nevada à Las Vegas, les démocrates devraient bénéficier de l'augmentation relative du nombre d'électeurs d'origine hispanique, alors que les «latinos» sont la première minorité des États-Unis devant les Noirs.

Selon lui au Nevada, les électeurs vont surtout être sensibles à l'économie, un point fort de M. Obama face à M. McCain. L'État est touché par un nombre record de défauts de paiement de prêts hypothécaires depuis le début de la crise des «subprimes».