L'ancien président géorgien Edouard Chevardnadze a estimé que la Géorgie, la Russie et l'Occident avaient tous fait des erreurs dans le conflit géorgien, dans une interview mise en ligne dimanche par le journal allemand Spiegel online.

L'actuel président géorgien Mikheïl Saakachvili «aurait dû éviter» d'envoyer ses troupes en Ossétie du Sud, même si «c'était légal», et Tbilissi n'aurait «jamais dû abandonner le principe de la négociation pacifique» dans le conflit l'opposant aux régions séparatistes géorgiennes, a jugé M. Chevardnadze dans cet interview.

Si l'affrontement «n'avait pas pu être évité, alors Saakachvili aurait dû bloquer le tunnel Roki par lequel les Russes sont venus. Ne pas le faire était une erreur militaire», a poursuivi l'ancien chef de la diplomatie du président soviétique Mikhaïl Gorbatchev.

M. Chevardnadze a reproché au président géorgien de «ne pas avoir réfléchi à la chose jusqu'au bout» et d'avoir sous-estimé «le risque que les Russes prennent Gori, Poti et Senaki».

Tbilissi a tenté de récupérer par la force sa province séparatiste d'Ossétie du Sud dans la nuit du 7 au 8 août. Mais ses troupes ont été rapidement repoussées par une puissante contre-offensive russe.

De son côté, «la Russie aussi a fait une erreur», par exemple «en exigeant le départ de Saakachvili» du pouvoir ou en voulant «négocier en outre avec son successeur» éventuel, a poursuivi M. Chevardnadze.

«La conséquence est que Saakachvili s'en est trouvé renforcé et que l'opposition très forte le soutient désormais», a-t-il noté.

Mais «couper les liens avec la Russie serait dans tous les cas une faute. Un petit pays doit toujours avoir des alliés à l'est comme à l'ouest, au nord comme au sud», a-t-il martelé.

Quant à l'Occident, il a fait «une erreur déterminante» en rejetant la candidature de la Géorgie pour le Plan d'action en vue de l'adhésion à l'OTAN (Membership Action Plan, MAP), «c'est-à-dire notre ticket d'entrée» à l'Alliance, a relevé M. Chevardnadze, estimant que ce rejet avait été «perçu par les Russes comme un encouragement» de leur propre politique.

«Aujourd'hui, les mêmes pays qui ont empêché le Membership Action Plan (candidature) de la Géorgie, à savoir l'Allemagne et la France, tentent de nous ouvrir la porte de l'OTAN: s'ils l'avaient fait plus tôt, nous n'en serions pas arrivés à cette guerre», a-t-il affirmé.