Dans ses premiers commentaires, la presse américaine met l'accent samedi sur les points faibles de Joseph Biden, choisi par Barack Obama comme colistier dans la course démocrate à la présidence, tout en soulignant que ce choix vise à compenser certains handicaps du candidat présidentiel.

«M. Biden est connu comme un bavard et pour sa tendance à tenir des propos qui le mettent dans l'embarras», affirme le New York Times, en rappelant qu'en 2007, le sénateur de Pennsylvanie, alors candidat à l'investiture démocrate, avait estimé qu'«Obama n'était pas encore prêt» pour la présidence.

«Le choix de M. Biden souligne certaines des faiblesses que la campagne d'Obama cherche à corriger au moment où les sondages montrent que sa compétition avec le sénateur républicain John McCain devient plus serrée», note le quotidien New Yorkais.

Il relève que le choix d'un vétéran du Sénat et des affaires internationales apporte une expérience qui fait défaut à Barack Obama. Avec 35 ans de présence au Sénat en six mandats, Biden apporte aussi une fine connaissance du fonctionnement des rouages politiques de Washington et «à 65 ans, quelques cheveux blancs dans un ticket qui aurait pu paraître un peu jeune (M. Obama a 47 ans)».

«Pour une campagne qui est fière de sa discipline en matière de communication, le choix de Biden apporte un élément d'incertitude brutale dans l'équipe», renchérit le blog politique du Washington Post.

«Il y aura des moments à Chicago (ville où se trouve l'état major d'Obama) où quelqu'un recevra un appel téléphonique et répondra qu'est -ce que vous dites qu'il a dit?».

Le Los Angeles Times qui avait surnommé Biden «la machine à gaffes», rappelle que le président de la Commission des Affaires étrangères au Sénat est «un orateur accompli mais qui est critiqué comme verbeux et qui est souvent hanté par ses propos».

USA Today, le premier quotidien national aux Etats Unis, ironise aussi sur ce thème : «Biden a passé la journée de vendredi chez lui, en famille et avec des amis. L'habituellement loquace sénateur a gardé un profil bas.»

Il relève cependant «la stature nationale» du sénateur et «son charme» qui lui ont permis de remporter six mandats consécutifs dans son Etat.

USA Today rappelle des propos de Joe Biden montrant qu'il entend parler vrai aux Américains: «la raison de nos difficultés ces huit à douze dernières années, c'est que les deux partis pensaient que leur plateforme se résumait à un slogan sur le pare-choc des voitures. Mais les choses sont plus compliquées et sérieuses. Je vais traiter les Américains avec respect, leur expliquer mon point de vue et je ne vais pas penser qu'ils ne peuvent pas le comprendre».

Le site internet spécialisé Politico, l'un des plus fréquentés pour la présidentielle, pense aussi que «l'équipe Obama va passer des nuits blanches à se demander ce qu'il pourrait encore dire». Dans le plateau positif de la balance Politico cite une collaboratrice de Joe Biden affirmant qu'il «connaît mieux McCain que n'importe qui. Il intimide McCain plus que n'importe qui. Il est le plus capable de l'interpeller sur certaines de ses positions».

Le choix par Barack Obama de ce vétéran des questions internationales et de sécurité «est le signe qu'il pense avec son état-major de campagne que la politique étrangère sera au coeur de l'élection du 4 novembre», affirme le Washington Post.

«Biden apporte au ticket démocrate un sérieux aussi bien vis-à-vis du conflit irakien que de la crise entre la Géorgie et la Russie».