L'escalade des prix de l'énergie et de l'alimentation, le manque d'eau et le changement climatique pourraient nourrir un regain d'instabilité et de violences dans le monde au cours de la prochaine décennie, selon un rapport publié mardi.

En dépit de ces sombres prévisions, le rapport 2008 du Millennium Project, un centre de recherche international, souligne que «les avancées des sciences, des technologies, de l'éducation, de l'économie et de la gestion semblent permettre au monde de fonctionner mieux qu'aujourd'hui».

Le rapport souligne 15 défis mondiaux, de l'eau et l'énergie, jusqu'au crime organisé, en passant par l'éthique, à aborder en priorité.

Il note que la moitié du monde est vulnérable à une instabilité sociale et aux violences en raison des prix de l'énergie et de l'alimentation, des gouvernements défaillants, de la pénurie en eau, du changement climatique, de la diminution des réserves en énergie et en nourriture, de la désertification et de l'augmentation des déplacements de personnes.

Selon le rapport, le Centre américain des analyses navales a identifié 46 pays (soit 2,7 milliards de personnes) confrontés à un haut risque de conflit armé et 56 autres pays (soit 1,2 milliard d'habitants) risquant une instabilité politique.

D'ici mi-2008, il a dénombré 14 conflits (avec au moins un millier de morts) donc cinq en Afrique, quatre en Asie, deux en Amérique, deux au Proche-Orient et un contre «l'extrémisme mondial».

Le rapport, qui se base sur des estimations de la FAO (organisation des Nations-unies pour l'Alimentation et l'Agriculture), indique que 37 pays sont confrontés à une crise alimentaire en raison de la hausse de la demande des pays en voie de développement, l'augmentation du prix de l'énergie, l'utilisation des cultures comme biocarburants, les coûts des engrais et la spéculation du marché.

«Les prix de l'alimentation de base ont doublé dans le monde», relève le rapport. «Les prix des céréales, par exemple, le blé et le riz, ont augmenté de 129% depuis 2006. Avec près de 3 milliards de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour, un conflit social mondial à long terme semble inévitable en l'absence de politiques plus sérieuses sur l'alimentation, de progrès scientifiques notables et de changements alimentaires», prévient-il.

Sur le plan démographique, la population mondiale devrait passer de 6,7 milliards de personnes à 9,2 milliards en 2050, avant d'atteindre un pic à 9,8 milliards peu après et de redescendre à 5,5 milliards en 2100, selon les prévisions de l'ONU envisageant un fécondité basse.

L'eau figure parmi les défis clés auxquels l'Humanité est confrontée.

Le rapport souligne que 700 millions de personnes souffrent aujourd'hui d'une pénurie d'eau, soit moins de 1.000 m3 d'eau par personne et par an. Ce chiffre pourrait passer à 3 milliards de personnes d'ici 2025 en raison de la croissance mondiale, du changement climatique et de l'augmentation de la demande en eau.

Le rapport prévient aussi que le monde aura besoin de deux fois plus de nourriture d'ici à 2013, ce qui nécessitera plus d'eau, de terre et d'engrais.

Il note en outre que ces dernières années, la consommation mondiale a dépassé la production, soulignant que les facteurs à l'origine de la hausse des prix alimentaires semblaient être de long terme.

Le rapport recommande ainsi de nouvelles approches agricoles, comme une meilleure irrigation ou des recherches génétiques pour mettre au point des aqua-cultures ou des variétés tolérant mieux la sécheresse.

Sur le plan énergétique, la demande mondiale pourrait doubler en à peine 20 ans.

Sur le changement climatique, le rapport avertit que l'Afrique sera le continent le plus durement touché, même s'il contribue le moins au problème. Le sud du continent pourrait perdre 30% de sa culture de maïs d'ici 2030.

Le «Millenium Project» est un réseau mondial d'institutions dans plus de 100 pays, à l'initiative de la Fédération d'associations de l'ONU.