L'ex-otage franco-colombienne Ingrid Betancourt s'est recueillie samedi, dans une intense émotion, à la grotte de Massabielle à Lourdes (sud-ouest), où Bernadette Soubirous avait vu la Vierge à 18 reprises, du 11 février au 16 juillet 1858.

Libérée le 2 juillet après plus de six années passées aux mains de la guérilla des Farc, l'ex-otage a tenu à remercier «la Vierge Marie». Auparavant, elle avait affirmé à la presse être également venue pour «demander la libération de tous ceux qui sont restés derrière moi» otages dans la jungle.

Ne répondant à aucune question, elle n'a fait aucun commentaire sur les accusations de «trahison» portées par les Farc à l'encontre des deux commandants de la guérilla arrêtés par l'armée colombienne lors de la libération d'Ingrid Betancourt, suggérant que ces deux hommes ont négocié leur reddition.

Ingrid Betancourt avait affirmé avant la publication vendredi de la déclaration des Farc ne pas croire que le commandant Enrique, dit «Gafas» (lunettes), ait pu être «acheté».

«Merci Marie, merci pour ma liberté, merci pour la vie», a déclaré Ingrid Betancourt, aux côtés de Mgr Jacques Perrier, archevêque de Tarbes et de Lourdes, qui venait de lire la prière de l'Angelus.

«Je te supplie ma Marie chérie, je t'aime tellement, prends soin de ceux qui sont restés derrière moi, ils ont besoin de toi, ils ont besoin de ta force, de ton espérance et de ta lumière», a-t-elle ajouté, un chapelet entre les doigts.

Vêtue de blanc, portant un imperméable bleu, ses longs cheveux noués en tresses, Ingrid Betancourt a récité le «Je vous salue Marie», à l'unisson avec ses proches et les pèlerins massés par milliers devant la grotte, sous une pluie diluvienne.

Fermant les yeux ou fixant la statue de la Vierge placée à quelques mètres de hauteur à l'entrée du site, elle a longuement serré dans ses bras sa mère Yolanda Pulacio, ses enfants Lorenzo et Mélanie Delloye, sa soeur Astrid venue avec son fils Stanislas.

S'ouvrant difficilement un chemin à travers la foule, trempée ou à l'abri précaire de parapluies, Ingrid Betancourt a été ovationnée et applaudie à plusieurs reprises par les pèlerins, certains l'embrassant, la félicitant avec effusion ou l'effleurant de la main, malgré les dizaines de policiers qui tentaient de maintenir un cordon totalement hermétique.

«C'est un moment très intense, que j'attendais. Ma mère nous a dit 'c'est grâce à un miracle que je suis libérée. Donc remercions ensemble la Vierge Marie'», a pour sa part déclaré son fils Lorenzo.

«Maman s'était promis qu'à la fin de son calvaire elle allait passer à Lourdes. C'est un passage très émouvant», a-t-il ajouté.

Ingrid Betancourt a affirmé à plusieurs reprises avoir tenu pendant ces années de détention grâce à sa famille et à sa foi.

Elle doit être reçue prochainement par le pape Benoît XVI, qui se rendra également à Lourdes à la mi-septembre pour le 150e anniversaire de l'apparition de la Vierge à Bernadette.