Aung San Suu Kyi, dirigeante de l'opposition birmane assignée à résidence, a pu rencontrer son avocat, alors qu'un envoyé spécial des Nations unies Ibrahim Gambari est arrivé lundi à Rangoun pour une nouvelle mission de médiation qualifiée de difficile.

La lauréate du prix Nobel de la paix, toujours confinée chez elle, a reçu son avocat, Kyi Win, pendant plus de quatre heures dimanche et il s'agissait de leur deuxième rencontre ce mois-ci, a précisé à l'AFP Nyan Win, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), principal parti d'opposition en Birmanie. Leur précédent entretien --le premier depuis 2004-- s'était tenu le 8 août.

Aung San Suu Kyi, 63 ans, qui a été privée de liberté pendant la majeure partie des 19 dernières années, a pu également voir dimanche son médecin, Tin Myo Win, qui l'a examinée pour la première fois depuis février. Nyan Win a qualifié de «significatif» le fait que «son médecin personnel ait pu la voir».

Ces développements sont intervenus alors que M. Gambari arrivait lundi en Birmanie pour une visite de cinq jours destinée, comme ses précédentes missions, à favoriser un dialogue entre la junte militaire et l'opposition, ainsi que des réformes dans ce pays gouverné par des généraux depuis 1962.

La précédente visite du médiateur, en mars, avait été qualifiée de «décevante» par des responsables de l'ONU.

«Son objectif est de relancer le dialogue entre l'opposition et le régime» mais c'est une «tâche difficile» alors que les militaires au pouvoir ont déjà fait adopter en mai une Constitution qui leur est favorable, a estimé un diplomate occidental qui a participé à une réunion avec M. Gambari lundi.

Depuis le passage du cyclone Nargis (138.000 morts et disparus), il y a eu «une réelle volonté de coopération sur le plan humanitaire, avec de nombreux visiteurs des Nations unies», et M. Gambari souhaite «étendre» la coopération des autorités à la «sphère politique», a ajouté cette source sous le couvert de l'anonymat.

Le diplomate s'est toutefois déclaré «préoccupé» par la poursuite des arrestations d'opposants, notamment de la LND.

En 1990, la LND avait très largement remporté des élections pluralistes mais les militaires n'avaient pas honoré les résultats et la formation de Mme Suu Kyi n'a jamais accédé au pouvoir.

En mai dernier, en pleine crise humanitaire consécutive au passage de Nargis, la junte avait prorogé d'un an l'ordre d'assignation à résidence de Mme Suu Kyi. Son parti avait décidé de faire appel mais la junte n'a pas répondu à cette démarche.

La première rencontre entre Mme Suu Kyi et son avocat s'est déroulée juste après une mission début août du nouveau rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l'Homme en Birmanie, Tomas Ojea Quintana.

Il y a plus de 2000 prisonniers politiques en Birmanie, dont certains ont été incarcérés après la répression brutale de manifestations emmenées par des moines bouddhistes, en septembre 2007.

Sous la pression internationale, la junte avait lâché du lest en octobre 2007 et nommé un officier de liaison, Aung Kyi, chargé de dialoguer avec la dirigeante de la LND. Mais leur dernière rencontre remonte à janvier.