L'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo est secoué par une crise depuis le licenciement d'un de ses dessinateurs, Siné, accusé d'avoir tenu dans une chronique des propos antisémites liés au projet de mariage du fils cadet du président Nicolas Sarkozy.

Cette affaire, qui a éclaté à la mi-juillet, a entraîné une polémique féroce sur la Toile et dans les milieux intellectuels français, partagés entre partisans du dessinateur ou du directeur de la publication de Charlie Hebdo, Philippe Val, qui a licencié Siné, une des figures historiques du journal.

Dans une chronique publiée au début du mois par Charlie Hebdo, Siné, 79 ans, ironisait sur une éventuelle conversion au judaïsme de Jean Sarkozy avant son mariage annoncé par la presse avec la fille du fondateur de la chaîne de magasins Darty, concluant par: «il fera du chemin dans la vie ce petit».

Philippe Val a jugé que ces propos «pouvaient être interprétés comme faisant le lien entre la conversion au judaïsme et la réussite sociale» et qu'ils véhiculaient l'antienne antisémite associant les juifs et l'argent.

Le caricaturiste, qui a refusé de s'excuser auprès de Jean Sarkozy et de la famille Darty, a été renvoyé le 15 juillet.

Siné s'est défendu de tout antisémitisme et a annoncé qu'il allait porter plainte contre tous ceux qui l'en accuseraient.

La rédaction de Charlie Hebdo s'est divisée, plusieurs journalistes ayant estimé que Siné était allé trop loin tandis que d'autres lui apportaient leur soutien.

Dans son numéro daté de mercredi, Charlie Hebdo revient sur l'affaire, avec notamment un éditorial de Philippe Val exprimant sa «lassitude» face à la polémique.

Cavanna, l'un des fondateurs du journal, regrette lui «une plaisanterie, certes dangereuse mais occasionnelle, de Siné», et «une erreur d'appréciation de Val».

Une pétition de soutien à Siné a obtenu plusieurs centaines de signatures, dont des personnalités comme le cinéaste Fernando Arrabal, l'humoriste Guy Bedos...

De l'autre côté, la ministre de la Culture Christine Albanel, le PDG du quotidien de gauche Libération Laurent Joffrin, ou encore le philosophe Bernard Henri Lévy ont pris fait et cause pour Philippe Val.