L'autorité nucléaire pakistanaise a démenti samedi des propos du père de la bombe atomique pakistanaise, Abdul Qadeer Khan, selon lesquels des centrifugeuses avaient été livrées à la Corée du Nord en 2000 sur instruction de l'armée et du président Pervez Musharraf.

Le général Khalid Kidwai, qui dirige la Division de planification stratégique (SPD), a assuré à un groupe de journalistes qu'«il y avait suffisamment de preuve» que Khan était à l'origine d'un réseau de prolifération nucléaire ayant fonctionné à partir de 1987.

Le général a une nouvelle fois affirmé que l'armée pakistanaise n'était en rien impliquée, pas plus que le président Musharraf, le SPD ou les services de renseignement (ISI), dans le transfert de ce type de technologie à la Corée du Nord.

Ce démenti fait suite à des interviews d'Abdul Qadeer Khan dans lesquelles le savant pakistanais affirmait que des centrifugeuses avaient été livrées à la Corée du Nord sur instruction de l'armée et du président Musharraf. Ces déclarations portant atteinte aux intérêts nationaux, a jugé le général Kidwai.

«Techniquement, c'est vrai, cela est intervenu sous le régime de Musharraf, mais donner l'impression que lui-même (le président) ou l'armée était au courant ou a dirigé (cette opération), est faux» a dit le général Kidwai.

«Je veux dire de façon catégorique que c'est absolument faux», a-t-il assuré.

Son service dispose de preuve d'un réseau de Khan, démantelé il y a plus de quatre ans «et nous pouvons le prouver avec une caméra devant qui veut, devant une cour, une commission parlementaire, un tribunal ou quel que groupe de personnes que ce soit», a-t-il dit.

Une dizaine de centrifugeuses - utilisées pour l'enrichissement de l'uranium - ont été livrées à la Corée du Nord par le réseau de Khan en 2000 et une fut envoyée plusieurs années auparavant, a affirmé le général Kiwai.

C'est à peu près à cette période que le gouvernement a commençé à soupçonner Khan avant de mettre fin à ses activités à la tête du principal laboratoire de recherche nucléaire pakistanais en 2001.

Le scientifique vit en résidence surveillée à Islamabad depuis qu'il a confessé publiquement en 2004 avoir dirigé un réseau ayant transmis des secrets, des équipements et des conseils technologiques à l'Iran, la Corée du Nord et la Libye pendant quinze ans. Mais ensuite, il a affirmé avoir fait cette confession «sous la contrainte».

Le nouveau gouvernement pakistanais a relâché récemment les contraintes d'isolement, l'autorisant à sortir, mais rarement et sous étroite surveillance.