« Son courage, son amour pour la vie et son désir de revoir ses enfants. » Voilà ce qui a permis à Ingrid Betancourt de passer à travers six ans d'enfer, estime Fanny Hess, membre du Comité français de soutien à sa libération.

Âgée de 46 ans, l'ancienne candidate à la présidence de la Colombie, enlevée en 2002 par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), a toute sa vie connu un parcours plutôt atypique et parsemé de danger.

Née en Colombie le 25 décembre 1961, Ingrid Betancourt a grandi dans un univers familial où la politique était omniprésente. Peu de temps après sa naissance, son père diplomate Gabriel Betancourt déménage aux États-Unis avec sa famille. Il avait été nommé au sein de l'Alliance pour le progrès en faveur du développement de l'Amérique latine, mise sur pied par John F. Kennedy. À la suite du décès du célèbre président américain, les Betancourt s'établissent en France, plus précisément à Neuilly. Ils y passeront quelques années avant de retourner à Bogota où Gabriel Betancourt prendra la barre du ministère de l'Éducation. La jeune Ingrid a alors 5 ans.

Ainsi, pendant sa jeunesse, Ingrid Betancourt fréquente plusieurs écoles en Colombie, en Angleterre et en France où elle étudiera en sciences politiques. Elle devient d'ailleurs citoyenne française après avoir épousé le diplomate Fabrice Delloye. De ce mariage naîtront deux enfants, Melanie et Lorenzo. Le couple divorcera ensuite.

À partir de 1989, elle décide de renoncer à sa vie paisible. C'est à ce moment qu'Ingrid Betancourt fera réellement ses premiers pas en politique active. Ainsi, elle décide de retourner en Colombie et s'implique à fond pour aider sa mère, Yolanda Pulecio, à se faire élire au Sénat.

Ingrid Betancourt devient à son tour politicienne en entrant peu de temps après au ministère des Finances. Puis en 1994, elle devient députée et ne mâche pas ses mots pour dénoncer la corruption qui règne dans son pays. Son attitude semble en déranger plus d'un car elle est alors victime de plusieurs menaces de mort et échappe même à un attentat. En raison du danger qui règne, Ingrid Betancourt décide d'expatrier ses enfants.

Entêtée, elle continue le combat en formant le parti Oxygène vert et devient également sénatrice. Mais les choses ne bougent pas assez vite pour elle. Devant ce constat, elle ne peut qu'envisager une seule option : se présenter à l'élection présidentielle de mai 2002.

La controversée candidate ne pourra toutefois pas mener à bien son projet. En février 2002, alors qu'elle fait campagne à San Vicente, dans le sud du pays, Ingrid Betancourt est capturée par les membres des FARC. Pendant six ans, le gouvernement français entreprend à plusieurs reprises des négociations intenses afin d'obtenir sa libération. De nombreux groupes de soutien à Ingrid Betancourt sont également formés. Des marches et des manifestations sont régulièrement organisées un peu partout dans le monde en guise de solidarité.

Avec l'Agence France-Presse.