Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) qui retenaient en otage Ingrid Betancourt, Franco-colombienne dont la libération a été annoncée mercredi par le gouvernement colombien, constituent l'une des plus importantes guérillas d'Amérique latine.

Forte de plusieurs milliers de combattants, après plus de quarante ans de lutte armée, c'est à travers la pratique des enlèvements que cette organisation d'obédience marxiste s'est fait remarquer sur la scène internationale.

Outre l'ex-candidate écologiste à l'élection présidentielle en Colombie, qui a aussi la nationalité française, les Farc avaient capturé en 2003 trois Américains alors en mission anti-drogue pour le compte des États-Unis, également libérés par l'armée colombienne, selon l'annonce du ministre de la Défense Juan Manuel Santos.

Inscrits sur la liste des groupes terroristes de l'Union européenne et des États-Unis, les Farc réclament la libération de 500 guérilleros emprisonnés, en échange de celle d'un groupe d'otages dit «politiques», parmi lesquelles figuraient aussi des militaires et responsables politiques colombiens.

Fondée en 1964 par un groupe de paysans dirigé par Manuel Marulanda jusqu'à sa mort le 26 mars dernier, cette guérilla est déployée dans la plupart des régions et combat sur plus de soixante-dix fronts.

Sa principale zone d'influence demeure l'épaisse jungle du sud-est du pays, où se situent les plantations de coca destinées à la fabrication de cocaïne qui assure une grande partie des revenus des rebelles.

Entre novembre 1998 et février 2002, les Farc ont poursuivi un dialogue avec le gouvernement du président de l'époque Andres Pastrana qui leur avait accordé une zone démilitarisée de 42 000 km2 dans les forêts du Caguan (sud) pour les négociations.

Après l'accession au pouvoir en 2002 du conservateur Alvaro Uribe, ennemi juré des guérillas, le dialogue avec le gouvernement n'a cessé de suivre une voie tortueuse, le président actuel ayant toujours privilégié l'option militaire à l'encontre des rebelles.

Les effectifs des Farc sont sujet à caution.

Les organismes de sécurité estiment qu'au début de la décennie, cette guérilla mobilisait environ 17 000 recrues.

Mais en janvier dernier, le ministre de la Défense Juan Manuel Santos a affirmé qu'elle avait perdu la moitié de ses troupes, ne comptant désormais plus que 6000 à 8000 rebelles, après une vague de captures et de désertions.

Les Farc «sont en train de se fissurer, elles ont perdu d'importants chefs de file. En seulement un an, environ 2 500 combattants ont déserté leurs rangs», avait dit alors le ministre.

Depuis, la guérilla a accusé un coup très rude avec la mort de leur numéro deux et porte-parole, Raul Reyes, abattu lors d'un raid de l'armée colombienne en Equateur le 1er mars, suivie de près par le décès de leur chef Marulanda.