«La balle est dans leur camp», a lancé le premier ministre Stephen Harper à Tokyo hier à propos des pays émergents qui ont refusé lors du sommet du G8 du début de la semaine au nord du Japon d'endosser la cible adoptée par les pays industrialisés de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 50% d'ici 2050.

Après une rencontre bilatérale hier avec le premier ministre Yasuo Fukuda dans la capitale japonaise et avant de rentrer au Canada, M. Harper a pour la première fois commenté l'échec des dirigeants du G8 à convaincre la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique et l'Afrique du Sud (G5) à monter dans le train de la lutte contre les changements climatiques.

Le G5 a plutôt soutenu qu'il appartenait aux pays industrialisés de réduire davantage leurs émissions de GES, soit de 80 à 95% sous le niveau de 1990.

M. Harper a voulu d'abord insisté sur «la grande étape franchie» au sommet de Toyako, «celle d'avoir trouvé un consensus au sein du G8». «C'est un consensus important, a-t-il dit. Évidemment nous n'avons pas encore obtenu un pareil engagement des pays émergents. Je pense que c'est trop que de s'attendre à un résultat immédiat de la part de ces pays. Mais maintenant, la balle est dans leur camp.»

Le premier ministre a répété que pour réussir la lutte contre les changements climatiques et s'entendre sur un protocole efficace il fallait «la participation de tous».

M. Harper a cependant voulu se faire rassurant. «Nous ne parlons pas de gestes faits immédiatement, a-t-il expliqué. Nous parlons de gestes qui devront aboutir à un résultat au plus tard en 2050. Je crois qu'il est réaliste de penser obtenir la participation des grands émetteurs d'ici cette date. Mais nous devons négocier et c'est la prochaine étape.»

Espoir d'un accord

Le premier ministre a confié aux journalistes qu'à la suite de ses discussions avec le président Hu Jintao de Chine et Manmohan Singh de l'Inde il a eu le sentiment que ces pays - nonobstant leur réticence à se fixer des cibles de réductions des émissions de carbone - comprenaient parfaitement bien la nature du problème et que celui-ci les préoccupait sincèrement. «Ils ne m'ont pas exprimé leur désir de ne pas agir, a dit M. Harper, mais ils m'ont exprimé leurs préoccupations sérieuses en ce qui à trait aux gestes à faire sans mettre en péril la croissance de leurs économies, ce qui est essentiel pour aider leurs peuples à sortir de la pauvreté.»

Stephen Harper croit donc qu'il y a encore un espoir d'arriver à un accord avec ces pays.

«Mais pour eux, a-t-il ajouté, il s'agit d'une question qui ne peut être séparée de la question économique. Comme vous le savez, je ne me pencherai pas non plus sur cette question sans tenir compte de notre économie. Je pense qu'en Europe les dirigeants ont également compris que toute cette question doit être résolue dans un contexte économique réaliste. Nous voulons tous maintenir la croissance économique dans le monde afin de continuer à repousser la pauvreté. Mais, en même temps, il faut faire cela sans menacer l'équilibre écologique de la planète.»