Des accords de coopération économique et commerciale devaient, après des mois de gel lié au dossier des otages des Farc, sceller la normalisation des relations entre Bogota et Caracas avec la visite du président Alvaro Uribe vendredi à son homologue vénézuélien Hugo Chavez.

Cette rencontre, la première depuis la fin 2007, dans la ville vénézuélienne de Coro, dans le nord-ouest du pays, devait être l'occasion de discuter de quatre accords de type économique et commerciale pour les présidents Uribe et Chavez, a déclaré le ministre colombien du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme Luis Guillermo Plata, jeudi soir à Bogota.

Alors qu'en mars au plus fort de la crise, Chavez avait même envoyé des troupes à la frontière, cette réunion signifie aussi et surtout, «le rétablissement d'un dialogue constructif et respectueux» ainsi que l'a formulé mercredi le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Nicolas Maduro en parlant de «retrouvailles politiques».

Les deux hommes, devaient aborder «les différends mais aussi les points sur lesquels nous pouvons travailler ensemble», a-t-il précisé.

Alvaro Uribe a quitté son pays à 09H25 locales (10 h 25 HAE) vendredi en direction de Paraguana au Venezuela où il devait rejoindre Hugo Chavez avant de partir ensemble à Coro où ils devaient avoir leurs entretiens, a annoncé à l'AFP une source de la présidence colombienne.

Le Venezuela et la Colombie ont traversé plusieurs mois d'une profonde crise politique après que M. Uribe eut relevé fin 2007 M. Chavez du rôle de médiateur auprès des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc - marxiste) pour oeuvrer à la libération de dizaines otages dits «politiques», qu'il lui avait confié quelques mois auparavant.

Malgré cela, la guérilla avait remis unilatéralement et sans conditions, six otages à Hugo Chavez entre janvier et février, accentuant davantage encore la tension entre les deux voisins.

La crise avait atteint son paroxysme le 1er mars après une incursion de l'armée colombienne en territoire équatorien contre un camp des Farc où le numéro deux de la guérilla, Raul Reyes, avait été tué.

M. Chavez, allié le plus proche de l'Equateur, avait alors envoyé des soldats sur sa frontière avec la Colombie et rappelé son ambassadeur à Bogota.

Aussi, vendredi, dix jours après la libération de 15 otages des Farc, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt et trois Américains, cartes maîtresses de la guérilla, c'est un Uribe renforcé qui va se présenter face à un Chavez en position de faiblesse, estiment cette semaine des analystes vénézuéliens.

A la veille de cette rencontre, l'ex-otage et ancien sénateur colombien Luis Eladio Pérez, compagnon de captivité de Betancourt, et libéré par la guérilla en février, a appelé M. Uribe à considérer la possibilité de rétablir la médiation de Chavez auprès des Farc pour obtenir la libération des autres otages encore aux mains des rebelles.

Pour sa part, M. Chavez a annoncé qu'il avait eu un entretien téléphonique d'une demi-heure avec Mme Betancourt mercredi sur la question des autres otages restés aux mains de la guérilla en Colombie.

M. Chavez a précisé qu'il avait exprimé à la Franco-Colombienne libérée après plus de six ans de captivité l'espoir de pouvoir contribuer «en coordination avec elle» à leur libération et à des négociations de paix avec les guérilleros.

«Cela m'a fait grand plaisir de parler avec elle et de lui souhaiter longue vie», a déclaré M. Chavez.

«Elle m'a demandé de continuer à lutter (pour les autres otages) en coordination avec elle», a expliqué le président qui a dit avoir proposé d'aider à des négociations de paix en Colombie entre gouvernement et guérilla.

«L'heure est venue pour la Colombie de parler non pas de guerre ou de mort, mais de vie et de paix», a-t-il estimé.