Le président George W. Bush a annoncé lundi avoir levé l'interdiction des forages pétroliers au large des États-Unis et a demandé au Congrès d'en faire autant pour que l'exploitation puisse débuter.

Dans une déclaration à la Maison-Blanche, M. Bush a rappelé avoir préconisé une telle levée le 18 juin et avoir pressé le Congrès ce jour-là déjà de faire sa part du travail en levant les restrictions relevant du pouvoir législatif.

Il a jugé «inacceptable» que le Congrès, où ses adversaires démocrates sont majoritaires, n'aient rien fait depuis.

«Les Américains voient que les prix à la pompe ne cessent d'augmenter et ils attendent de voir ce que le Congrès va faire», a-t-il dit.

En pleine campagne présidentielle, dont le prix de l'essence est un thème majeur, la levée d'un moratoire instauré en 1981 et interdisant l'exploration et les forages sur virtuellement toutes les côtes Atlantique et Pacifique et une partie du Golfe du Mexique paraît bien aléatoire.

Quand M. Bush avait pris l'initiative de prôner la levée de cette interdiction le 18 juin, les démocrates avaient dénoncé un «tour de passe-passe électoral» qui ne ferait pas baisser les prix parce qu'il faudrait des années pour que la reprise de l'exploitation produise une goutte de pétrole.

Les adversaires, nombreux, d'une telle mesure invoquent la protection de l'environnement. Selon eux, les compagnies pétrolières ont déjà en concession des centaines de milliers de kilomètres carrés sur terre et en mer où elles pourraient forer.

L'opposition transgresse les appartenances politiques. Le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, pourtant un républicain comme M. Bush, est hostile à la levée du moratoire. L'opposition est répandue non seulement chez les défenseurs de l'environnement, mais aussi dans l'industrie du tourisme.

Mais le prix du pétrole et de l'essence est une préoccupation première des Américains, forcés de changer leurs habitudes alors qu'ils se montraient peu regardants sur la consommation.

C'est aussi l'un des motifs de querelle de la campagne électorale en cours.

Quand il avait poussé à la reprise des forages le 18 juin, M. Bush avait mis son poids derrière John McCain, républicain comme lui et candidat à sa succession, qui s'était prononcé la veille pour une telle mesure.

Au cours des derniers jours, les républicains ont multiplié les appels à la fin du moratoire.

Un sondage pour la chaîne CNN fin juin indiquait que 73% des personnes interrogées étaient au moins plutôt favorables à la reprise des forages.

Les républicains, qui ont une proposition de loi pendante au Congrès, et M. Bush, semblent compter sur la pression de l'opinion publique sur les démocrates.

M. Bush lui-même a changé d'attitude en moins d'un mois.

Le 18 juin, il avait dit que le Congrès devait faire le premier pas législatif et qu'il suivrait le mouvement.

Sa porte-parole a admis que la reprise des forages ne résoudrait pas le problème à court terme, mais expliqué qu'il s'agissait d'adresser un signal aux marchés. «Nous pensons que ceci ne doit pas attendre; plus tôt ils (les parlementaires) agissent, plus vite nous signalons au marché que nous prenons l'affaire au sérieux», a-t-elle dit.

Devant la flambée des prix, l'administration Bush juge nécessaire d'augmenter l'offre internationale et souligne qu'il est important que les États-Unis donnent l'exemple.

«Cela va prendre du temps, et ce n'est pas un remède qui marche de manière automatique, mais nous sommes pour un bon moment dans une période de transition et nous pensons qu'il est important de s'y prendre dès à présent», a dit Mme Perino.

L'essence ordinaire coûtait lundi 4,109 dollars le gallon (3,78 litres) en moyenne nationale, plus d'un dollar de plus que l'an dernier à la même époque, selon l'Association automobile américaine (AAA).