L'Iran a écarté l'idée d'une attaque des Etats-Unis ou d'Israel de ses sites nucléaires, estimant qu'une action militaire serait «folle» et vouée à l'échec.

«Toute agression ou action militaire contre l'Iran est une idiotie dont les répercussions feraient du mal à tout le monde», a dit le porte-parole du gouvernement Gholam Hossein Elham lors de son point de presse hebdomadaire.

«Je ne pense pas que ce genre de folie et d'absurdité prévaudra ou soit faisable militairement», a-t-il dit.

La tension a monté cette semaine autour du programme nucléaire de Téhéran après des tirs de missiles, dont l'un, le Shahab-3, présenté comme capable d'atteindre Israël, lors de manoeuvres militaires en Iran.

Israel avait de son coté effectué le mois dernier des manoeuvres aériennes en Méditerranée présentées par la presse comme des préparatifs à un éventuel raid sur l'Iran.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a averti de son coté les Etats-Unis et Israël, leur allié régional, qu'en cas d'agression, la réponse de Téhéran «serait sévère et dévastatrice».

En même temps, il a estimé que «le régime sioniste et les Etats-Unis n'avaient évidemment pas la capacité de s'impliquer dans une nouvelle crise», dans des propos tenus vendredi et rapportés samedi par l'agence officielle Irna.

Commentant les tirs de missiles réalisés par la République iranienne, le ministre les a décrits comme une démonstration des «capacités et des compétences de l'Iran sur le terrain militaire».

Les Occidentaux soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire présenté par l'Iran comme civil et tentent depuis cinq ans d'obtenir plus de transparence sur les activités iraniennes.

Téhéran a annoncé vendredi que son négociateur Saïd Jalili rencontrerait le 19 juillet à Genève le chef de la diplomatie européenne Javier Solana pour poursuivre les négociations sur les propositions avancées le mois dernier par le groupe des six grandes puissances impliquées dans le dossier nucléaire iranien (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne).

L'Iran avait de son côté présenté mi-mai à M. Solana des propositions destinées à résoudre «les grandes difficultés mondiales», notamment «l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire».

Samedi Gholam Hossein Elham a réaffirmé que l'Iran ne renoncerait pas à l'enrichissement d'uranium, comme l'exigent les Six, déclarant que «rien qui puisse priver notre peuple de ses droits ne peut être débattu».

«Nous n'accepterons jamais de condition préalable pour négocier», a-t-il affirmé.

M. Elham a au contraire avancé que les Occidentaux avaient modifié leur position et a laissé entendre que, selon lui, ils avaient renoncé à leur exigence.

«Ils ont reculé et ont pris conscience qu'une telle demande n'est pas logique. Ils ont fait un geste rationnel», a-t-il ajouté sans dire clairement s'il évoquait la suspension d'uranium en tant que telle ou comme condition préalable à des négociations.

«La position des Etats-Unis montre qu'ils ont pris un chemin logique», a-t-il dit sans donner plus de détails.

Les propositions des Six visent à engager avec Téhéran des négociations sur des thèmes allant de l'énergie nucléaire à la politique, en passant par l'économie et un partenariat énergétique, en échange de garanties sur l'arrêt de toute opération d'enrichissement d'uranium.

Le contenu de la réponse iranienne remise la semaine dernière n'a pas été rendu public par le groupe des Six. M. Solana a qualifié cette réponse de «difficile et compliquée». Mais, selon Paris, l'Iran ne fait «pas mention de la suspension des activités sensibles» en matière nucléaire.