Les assassinats de travailleurs humanitaires en Somalie et les menaces planant sur l'approvisionnement en nourriture mettent en péril les vies de millions de Somaliens menacés par la famine, a averti vendredi le Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM).

«La Somalie est dans une situation désespérée et elle est à un tournant», a déclaré Peter Goossens, directeur du PAM pour la Somalie, au cours d'une conférence de presse à Londres.

«Si une quantité suffisante de nourriture et d'aide humanitaire ne peut être fournie dans les mois qui viennent, certaines parties du pays pourraient bien subir une catastrophe semblable à la famine de 1992-1993», qui avait coûté la vie à des centaines de milliers de personnes.

M. Goossens a prévenu que l'approvisionnement en nourriture était menacé par la dégradation de la sécurité à terre et en mer.

Le PAM a demandé aux gouvernements étrangers de continuer à assurer au-delà de la fin juin la sécurisation militaire des bateaux qu'il affrète pour la Somalie, a-t-il rappelé, déplorant n'avoir encore reçu aucun engagement en ce sens.

Depuis la mi-novembre 2007, les marines de guerre de France, du Danemark et des Pays-Bas se sont relayées pour escorter des cargos affrétés par le PAM afin de prévenir les actes de piraterie, très fréquents dans la région.

Le PAM vient en aide à 2,3 millions de personnes par mois en Somalie, ravagée par 17 ans de guerre civile. L'ONU a prévenu que 3,5 millions de Somaliens auraient besoin d'aide alimentaire d'ici à la fin de l'année, en raison de la persistance de la sécheresse, de l'inflation et de l'insécurité.

Depuis début 2008, cinq chauffeurs somaliens travaillant pour le PAM ont été assassinés en Somalie.

Les humanitaires sont en permanence la cible d'attaques dans ce pays. Le chef de la mission du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à Mogadiscio, Osman Ali Ahmed, de nationalité somalienne, a été assassiné le 6 juillet alors qu'il quittait une mosquée de Mogadiscio.

Quatre travailleurs humanitaires étrangers (deux Italiens, un Britannique, un Kényan) se trouvent toujours aux mains de bandes armées dans ce pays.