Quatre soldats géorgiens ont été arrêtés mardi en Ossétie du Sud, qui a appelé le même jour la Géorgie à négocier avec elle, le tout sur fond d'inquiétudes croissantes de la communauté internationale concernant la situation dans cette région séparatiste et celle d'Abkhazie.

«Quatre militaires géorgiens qui se déplaçaient en voiture à travers le territoire de la République ont été arrêtés vers minuit (...) Nous enquêtons sur la raison de leur présence dans cette zone», ont affirmé les autorités ossètes dans un communiqué.

«Quatre militaires de notre bataillon de logistique effectuaient une visite dans la zone de conflit aujourd'hui et ont été enlevés par des miliciens séparatistes», selon le commandant des forces de maintien de la paix géorgiennes dans la région, le général Mamouka Kourachvili.

«L'État géorgien, les forces armées géorgiennes, ne reculeront devant aucun effort en vue de libérer nos soldats», avait-il ajouté.

Le président de la Géorgie Mikheïl Saakachvili a donné pour instructions au ministère de l'Intérieur de prendre «toutes les mesures» afin d'obtenir leur remise en liberté, a annoncé la chaîne de télévision Roustavi 2.

Ces quatre militaires «ont été libérés aujourd'hui», «nous les attendons à l'hôpital militaire de Gori», en Géorgie, a par la suite affirmé à l'AFP Mme Nana Intskirveli, porte-parole du ministère géorgien de la Défense.

Une informations démentie peu après par le ministre de l'Intérieur d'Ossétie du Sud : «pour le moment, il n'y a aucune libération», a déclaré à l'agence Interfax Mikhaïl Mindzaev, qui réclame quant à lui que les Géorgiens relâchent un adolescent âgé de 14 ans qu'ils détiendraient.

Le président de l'Ossétie du Sud, Edouard Kokoïty, a dans le même temps «proposé» à la Géorgie de «renoncer à une agression» et de «s'asseoir à la table des négociations».

Et ce même si, a-t-il assuré, «ces derniers temps, la direction géorgienne prend des mesures sans précédent en se livrant à des activités de sabotage et de terrorisme sur le territoire de l'Ossétie du Sud».

Le président ossète s'exprimait au cours d'une rencontre avec une délégation de pays membres de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a précisé Itar-Tass.

La tension était montée d'un cran supplémentaire la semaine dernière après que les séparatistes ossètes eurent annoncé que deux personnes avaient été tuées dans des bombardements géorgiens.

La présidence française de l'UE s'était dite «préoccupée» par les violences en Ossétie du Sud et avait exhorté «toutes les parties à la retenue».

Les autorités locales considèrent que Tbilissi se prépare à reprendre le contrôle de cette zone montagneuse du nord de la Géorgie, véritable patchwork de localités ossètes et géorgiennes, qui a proclamé unilatéralement son indépendance au début des années 1990, après la disparition de l'URSS.

La république indépendantiste d'Abkhazie, sur les bords de la mer Noire, est elle aussi en proie à une recrudescence de violences, qu'elle impute à Tbilissi.

Le gouvernement géorgien a de son côté condamné lundi soir les récentes explosions en Abkhazie, accusant la Russie d'en être responsable.

«Ces actes de violence sont dans l'intérêt de ceux qui veulent prolonger la présence des forces armées russes illégalement déployées en Géorgie, qui résistent à la démilitarisation et à la paix dans la région et cherchent à empêcher les aspirations européennes et euro-atlantiques de la Géorgie», a ainsi réagi le gouvernement de Tbilissi.

Une série d'attentats à Gagra, une station balnéaire abkhaze sur la mer Noire, à Soukhoumi, la capitale, et dans la région de Gali ont fait quatre morts et une vingtaine de blessés en un peu plus d'une semaine.

Le diplomate en chef de l'UE Javier Solana s'est dit «très inquiet» mardi de la détérioration de la situation en Abkhazie, considérant que la tension dans la région atteignait un «niveau dangereux».

La secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice a jugé Mmardi que l'attitude de Moscou envers la Géorgie alimentait les tensions dans la région.