Le président russe Dmitri Medvedev a laissé entendre qu'il s'opposait à toute grâce de l'ex-patron de la compagnie pétrolière Ioukos Mikhaïl Khodorkovski, soulignant, dans une interview publiée jeudi, que l'exécutif ne devait pas interférer dans cette affaire.

«L'État (sous-entendu l'exécutif, ndlr) ne doit pas prendre position sur ce sujet. Et aussi longtemps que je dirigerai ce pays, je partirai de ce principe», a-t-il dit dans une interview donnée mardi à des médias des pays membres du G8 et postée jeudi sur le site du Kremlin.

«Seuls les organes de justice peuvent prendre position (...) Il est normal que la défense essaie de trouver des failles dans l'accusation. Mais au final, la décision revient au tribunal», a poursuivi M. Medvedev à quelques jours du sommet du G8 les 7-9 juillet au Japon.

«Nous devons isoler le pouvoir judiciaire de tous les moyens de pression aussi bien du côté de personnes privées, d'entreprises que d'autres organes étatiques», a-t-il ajouté.

M. Khodorkovski, arrêté en 2003 et condamné à huit ans de prison en 2005 pour fraude fiscale à l'issue d'un procès considéré comme inspiré par le Kremlin, peut bénéficier d'une grâce présidentielle, à condition qu'il la demande, ou d'une libération anticipée, ayant purgé plus de la moitié de sa peine.

Après l'arrivée de Dmitri Medvedev à la présidence en mai, la défense de l'ex-PDG a conseillé à son client de demander une libération anticipée, estimant que «les temps avaient changé».

«Khodorkovski n'aurait jamais demandé sa libération sous (le président Vladimir) Poutine», a déclaré le 26 juin son avocat Iouri Chmidt. Quant à Dmitri Medvedev, «ce n'est pas lui qui l'a mis en prison et qui a pillé Ioukos», a-t-il ajouté.

Le 5 juin, M. Medvedev avait déjà rejeté à Berlin une intervention de la diplomatie allemande en faveur de M. Khodorkovski, considérant que «les questions relatives à l'exécution des peines et à la grâce présidentielle ne devaient pas faire l'objet de négociations inter-étatiques».