L'échéance légale pour le dépôt d'un recours contre le transfèrement de Radovan Karadzic vers La Haye est passée dans la nuit de vendredi à samedi, mais l'avocat de l'ancien homme fort des Serbes de Bosnie gardait le silence, ne confirmant pas s'il avait remis sa requête.

L'ultime délai pour le dépôt du recours tombait vendredi à 18h00.

Comme il l'avait annoncé à plusieurs reprises depuis l'annonce de l'arrestation de Karadzic, lundi soir à Belgrade, Me Svetozar Vujacic devait poster sa requête peu avant la fermeture des bureaux de poste, à 14h00, soit au dernier moment prévu par la loi.

L'avocat avait expliqué vouloir par là repousser le plus possible le transfèrement de son client vers le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, à La Haye.

Mais à quelques heures de l'échéance, Me Vujacic a indiqué vendredi soir à l'agence serbe Tanjug qu'il ne confirmerait pas publiquement avoir déposé sa requête, estimant que cela entrait dans sa «stratégie de défense».

Si la procédure est respectée et si le recours a bel et bien été déposé, les juges ne pourront pas examiner cette requête avant lundi.

L'AFP a également essayé à plusieurs reprises dans la soirée de vendredi de joindre Me Vujacic, mais l'avocat avait débranché son téléphone portable.

En dehors de l'aspect juridique, les médias serbes dévoilent chaque jour de nouveaux détails sur la cavale de Radovan Karadzic, alias le docteur Dragan Dabic, spécialiste en médecine alternative.

Il aurait ainsi pratiqué la médecine alternative également au sein de la communauté serbe de Vienne.

Dans une interview au quotidien italien La Repubblica, Mila Damjanov (BIEN Damjanov), une femme brune qui avait été aperçue en public avec celui qui était encore le docteur Dragan Dabic, affirme avoir été proche de l'ex-fugitif. Mais elle a nié fermement avoir été sa maîtresse, comme l'affirmait la presse serbe au lendemain de l'annonce de l'arrestation de Radovan Karadzic.

«Quand j'ai appris la nouvelle, j'ai cru qu'il s'agissait d'une erreur, et j'ai du mal à y croire même maintenant», a déclaré Mme Damjanov, 53 ans, originaire de Belgrade.

«Pour moi, il reste une personne exceptionnelle. Moi, je n'ai vu le docteur Dabic ne faire que du bien. Je n'aime pas juger les autres», a-t-elle dit.

A Belgrade, Mina Minic, 78 ans, qui a enseigné la médecine alternative au docteur Dabic, le décrit comme ayant fait preuve d'«un grand talent pour cette discipline».

«Il a été un de mes élèves les plus talentueux en 40 ans de travail, il a terminé mon cours avec les meilleures notes», a-t-il dit au quotidien Blic.

Un des propriétaires d'une clinique privée de Belgrade, Milomir Kandic, a expliqué à la presse que le docteur Dabic était venu dans son établissement à plusieurs reprises.

«Il est venu pour la première fois il y a environ deux ans, il cherchait du travail, il avait un air triste comme quelqu'un qui a vécu une tragédie», a-t-il confié.

Une fois le recours de Karadzic déposé, un panel de juges du tribunal de Belgrade pour les crimes de guerre disposera, selon la loi, de trois jours pour se prononcer.

«Le panel ne peut (...) commencer à examiner ce recours que lorsqu'il l'aura entre les mains (...) et la poste et le tribunal ne travaillent pas le samedi et le dimanche», a indiqué à l'AFP Ivana Ramic, la porte-parole du tribunal chargé du dossier.

Mme Ramic a confirmé ainsi de façon implicite que le tribunal ne pouvait statuer à ce sujet avant lundi au plus tôt.

Une fois que le panel de juges du tribunal de Belgrade pour les crimes de guerre aura pris sa décision, l'inculpé ne pourra plus ensuite présenter d'autres recours et le ministère de la Justice pourra alors décider de le transférer au TPIY.

Karadzic, 63 ans, a été inculpé par la justice internationale de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, notamment pour le massacre de près de 8 000 hommes et adolescents musulmans en juillet 1995 à Srebrenica, dans l'est de la Bosnie.