Le président soudanais Omar el-Béchir est arrivé jeudi dans l'ouest du Darfour, au second jour d'une visite dans cette province en guerre civile, destinée à défier publiquement les accusations de génocide portées contre lui devant la CPI.

M. Béchir a été accueilli à son arrivée à l'aéroport d'El-Geneina, la capitale du Darfour-ouest, par un orchestre militaire qui a joué l'hymne national soudanais, selon un correspondant de l'AFP.

Mercredi, comme un défi aux accusations du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, il a dansé devant des milliers de partisans de son gouvernement à Nyala et El-Facher, les capitales respectives du Darfour sud et nord.

M. Béchir, dont la dernière visite au Darfour remontait à 2007, a aussi inauguré des projets liés au développement et s'est entretenu avec des responsables locaux et de la force de maintien de la paix de l'ONU. A El-Geneina, il doit aussi s'entretenir avec des responsables et assister à un rassemblement de ses sympathisants.

A El-Facher, quartier général de la force mixte ONU-Union africaine (Minuad), M. Béchir avait été accueilli par 5000 à 6000 manifestants pro-gouvernementaux -- fonctionnaires, membres de tribus et étudiants.

M. Béchir avait affirmé que «ce que Ocampo a dit sur le Darfour, ce sont des mensonges».

«Nous devons trouver une solution au problème du Darfour», avait-il lancé devant des centaines de personnes déplacées par les violences qui lui manifestaient leur soutien.

Il s'est rendu ensuite à Nyala (sud) où il a aussi été accueilli par plusieurs milliers de personnes.

Sa tournée intervient dix jours après que M. Moreno-Ocampo a réclamé un mandat d'arrêt contre lui pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, l'accusant de vouloir «mettre un point final à l'histoire des peuples Four, Masalit et Zaghawa».

Signe de la complexité du conflit, des membres de ces groupes, dont certains font partie du Congrès national, le parti du président, se trouvaient parmi les manifestants. Depuis 2003, les violences, la famine et les maladies au Darfour ont fait jusqu'à 300 000 morts selon l'ONU, quelque 10 000 selon Khartoum.

«Je suis venu ici, au Darfour, pour dire une seule chose. Chaque personne déplacée doit retourner dans son village. Le gouvernement devra alors fournir les services sociaux», avait-il dit.

Des Darfouris déplacés ont toutefois pris à partie le gouvernement de M. Béchir, l'accusant de n'avoir pas fourni de compensations pour la perte de leurs maisons, leurs fermes et leur bétail pendant le conflit.

M. Béchir a répondu que la guerre avait entravé le développement, non seulement au Darfour mais dans tout le Soudan, affirmant que son gouvernement faisait son maximum pour résoudre la crise.

A Nyala, il a aussi accusé la France, où vit en exil le principal chef rebelle Abdel Wahid Mohammed Nour, de nuire au processus de paix et annoncé en signe de réconciliation la libération de 89 enfants capturés après une attaque de rebelles du Darfour contre Khartoum le 10 mai.

Selon Khartoum, ces enfants soldats ont participé à l'attaque menée par les rebelles du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) et déjouée par les forces régulières.

Parallèlement, un responsable de la Ligue arabe a déclaré au Caire que le Soudan avait accepté de mettre en place des tribunaux spéciaux pour juger les responsables présumés de violations des droits de l'Homme au Darfour, avec la collaboration de l'ONU, de la Ligue et de l'Union africaine.