Les attaques d'insurgés en Afghanistan ont atteint un niveau record en 2008, avec des centaines de civils tués, parmi lesquels 19 employés d'organisations non gouvernementales (ONG), ce qui entrave l'aide au développement, ont estimé vendredi des ONG.

L'insécurité se répand désormais dans des régions auparavant considérées comme sûres et les ONG sont obligées de réduire le volume de l'aide délivrée, alors même que la sécheresse et l'augmentation des prix alimentaires mettent en difficulté des millions de personnes, selon l'ACBAR, l'agence de coordination de l'aide à l'Afghanistan.

«Jusqu'à présent, cette année, le nombre d'attaques des insurgés, les attentats et les autres actes de violence sont en hausse de quelque 50% par rapport à la même période l'an passé», qui avait déjà atteint un record depuis la chute des talibans fin 2001, a indiqué l'ACBAR dans un communiqué.

«Cette année, 2.500 personnes ont perdu la vie dans des violences, selon nos informations, parmi lesquelles jusqu'à 1000 civils, bien que les chiffres précis ne soient pas encore disponibles», selon l'ACBAR, qui coordonne les activités de près de 100 organisations d'aide au développement, dont Oxfam, CARE, le Secours islamique et Save the Children.

Les violences ont été particulièrement fortes en juillet, avec un attentat suicide contre l'ambassade d'Inde à Kaboul qui a fait 60 morts et des frappes aériennes des forces internationales qui ont tué 80 civils, selon les autorités afghanes.

Les deux-tiers des victimes civiles ont été causées par les attaques des insurgés, en particulier les attentats suicide, et un tiers par les forces internationales, notamment au travers des frappes aériennes.

De plus, «les ONG ont été la cible d'attaques en plus grand nombre, de menaces et d'intimidations, de la part des insurgés et de groupes criminels», a affirmé l'ACBAR.

«En 2008, 19 membres d'ONG ont été tués, ce qui dépasse déjà le total pour l'année 2007», a-t-elle noté.

La violence a également contraint des écoles et des centres de santé à la fermeture, dans le sud du pays, bastion de l'insurrection des talibans.

Dans le même temps, sécheresse et hausse des prix des denrées alimentaires ont placé plus de 4 millions d'Afghans dans «une situation extrêmement difficile».

L'ACBAR a lancé un appel à toutes les parties prenant part au conflit pour «respecter les principes humains fondamentaux» et les «lois de la guerre reconnues sur le plan international», en particulier la distinction entre civils et combattants.

Pour leur part, les Nations unies ont appelé les ONG et la communauté internationale à poursuivre et accroître leur soutien aux populations civiles d'Afghanistan.

«Sans aucun doute, les défis humanitaires continuent de s'accroître en Afghanistan et les attaques des insurgés et de groupes criminels nous ont empêché de porter secours à une partie de la population la plus fragilisée du pays», a reconnu Aleem Siddique, porte-parole de la mission des Nations Unies en Afghanistan (Unama).

«Au cours des six derniers mois, des bandes armées ont attaqué 12 convois humanitaires, ce qui a privé de nourriture des milliers de familles parmi les plus pauvres», a-t-il ajouté.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les États-Unis.