Les autorités chinoises s'inquiètent des pénuries d'électricité en cet été olympique, dues principalement à des difficultés d'approvisionnement en charbon, qui pourraient être les plus importantes depuis 2004, selon des experts.

Le vice-Premier ministre chinois Li Keqiang est monté au créneau en début de semaine lors d'une visite dans le Shanxi (nord), la province produisant environ le quart du charbon chinois.

Li Keqiang a appelé les mines locales, notamment les grandes entreprises d'Etat, à accroître volumes et qualité, afin d'assurer «le succès des jeux Olympiques et la demande quotidienne des citoyens», a indiqué jeudi Chine Nouvelle.

«Une fourniture énergétique suffisante est le fondement d'un développement économique stable», a-t-il affirmé, selon l'agence.

La houille fournit toujours 77% de l'électricité chinoise, même si l'accent est mis sur le développement des autres sources d'énergie.

Le nucléaire devrait ainsi composer 4% des capacités installées et atteindre quatre fois sa capacité actuelle en 2020.

Mais dans l'immédiat, la pénurie «pourrait atteindre jusqu'à 18.000 MW» selon des estimations, alors que «l'écart entre la fourniture et la demande d'électricité avait été de moins de 10 GW» l'été dernier, rappelle Merrill Lynch dans une note.

«Le marché s'inquiète que la Chine connaisse cette année une crise énergétique comparable à celle de 2004 quand la demande a dépassé la fourniture de 40GW (10% de la capacité totale)», souligne la banque new-yorkaise qui, pour sa part, reconnaît les pénuries mais ne croit pas à «une crise».

Un des facteurs est la chaleur estivale qui fait tourner à plein les climatiseurs. A Pékin, la consommation a déjà dépassé plusieurs fois son pic de 2007.

Mais la vaste réorganisation du secteur, le bond des prix du charbon et les catastrophes naturelles (intempéries et séisme) qui fortement perturbé transports et approvisionnement entrent surtout en ligne de compte.

L'envolée des tarifs du charbon, alors que les prix de l'électricité sont contrôlés, a ainsi poussé de nombreuses petites centrales à tourner au ralenti, voire à fermer. Les grands du secteur ont eux-mêmes subi de lourdes pertes ces derniers mois.

Depuis la mi-juin, le gouvernement a tenté de limiter les prix, sans grand effet jusqu'à récemment.

A l'inverse, il a lâché du lest sur les tarifs de l'électricité pour encourager les producteurs. Mais il n'a consenti une réévaluation que de 2,5% du prix moyen du kwh, uniquement pour les industriels, pas les particuliers. Insuffisante aux yeux des électriciens.

Or, tout cela intervient alors que la Chine est engagée dans la fermeture de milliers de petites mines trop dangereuses ou polluantes et que «la filière charbon est désorganisée, accroissant encore les difficultés des producteurs électriques», souligne la Mission économique française à Pékin.

Bon nombre de stocks sont passés sous le seuil d'alerte et plus d'une dizaine de provinces ont décidé des rationnements -- que ne connaîtra pas la capitale, JO obligent --, mais dont les industries lourdes sont les premières victimes.

Les mineurs pourraient être les victimes collatérales de la situation, pressés par leurs patrons d'accroître les rendements, au mépris de la sécurité.

Près de 3800 personnes ont péri en 2007 dans les mines chinoises, les plus dangereuses au monde, selon le gouvernement, mais des organisations de travailleurs indépendantes évaluent le nombre de décès de mineurs à près de 20 000 par an.