Le Vietnam s'inquiète d'irrégularités dans des procédures d'adoptions au nord du pays, dans des centres travaillant notamment avec la France et l'Italie où la police soupçonne, selon la presse et les autorités vietnamiennes, de faux documents sur l'origine d'enfants.

Selon la très officielle Agence vietnamienne d'information (AVI), qui a renchéri sur des informations du quotidien Tuoi Tre, la police a récemment arrêté les responsables de deux centres sanitaires. Ils sont soupçonnés d'avoir fabriqué de faux extraits de naissance pour que des enfants, présentés comme abandonnés, puissent être adoptés dans deux centres de la province de Nam Dinh.

Contactée par téléphone par l'AFP, la police locale s'est refusée mercredi à tout commentaire.

«Le problème dans les deux centres de Nam Dinh est que la police soupçonne l'établissement de faux papiers sur l'origine des enfants», a simplement répété à l'AFP Vu Duc Long, responsable des adoptions internationales au ministère de la Justice.

Selon lui, depuis qu'ils ont obtenu leurs homologations en 2005 et 2006, les deux centres ont envoyé un peu plus de 300 enfants à l'étranger, aux États-Unis, mais surtout en France et en Italie. Avec plus de 900 adoptions sur un total d'environ 2000, les Américains ont été les plus nombreux à adopter au Vietnam l'an dernier, devant les Italiens (un peu plus de 300) et les Français (un peu moins de 300), selon des chiffres du ministère.

L'annonce de possibles irrégularités dans des procédures d'adoption au Vietnam «ne sert pas l'image de l'adoption, mais a le mérite de montrer que les autorités vietnamiennes font le ménage», a estimé mercredi Médecins du Monde (MdM).

«Le Vietnam fait partie des pays où d'une manière récurrente il peut y avoir des anomalies, mais depuis deux ans ce pays a fait un travail énorme d'assainissement, province après province», affirme à l'AFP Geneviève André, responsable de la mission adoption à MdM.

Soucieux de préserver l'image du système vietnamien, récemment violemment attaqué par Washington, Vu Duc Long a assuré que les dossiers traités par les deux centres avaient suivi les démarches légales. Et que si problème il y a eu à l'origine, il n'était donc pas détectable par le ministère.

L'une des particularités du système vietnamien -- et c'est l'un des principaux reproches qui lui est fait -- est d'être encore très décentralisé, avec énormément de pouvoir entre les mains des responsables provinciaux.

«Pour l'instant, c'est la province qui attribue un enfant à un couple», a encore reconnu Vu Duc Long. «Le ministère n'a qu'un pouvoir de recommandation, peut bloquer une adoption, mais n'a pas le vrai pouvoir de décision.»

Plusieurs pays souhaiteraient voir le pays communiste adhérer à la Convention de La Haye, pour permettre à Hanoï de davantage contrôler les adoptions.

Le processus prend du temps, mais il est en cours. L'idéal, selon Vu Duc Long, serait de transférer au ministère de la Justice «le vrai pouvoir de décision». «Si l'on peut faire cela, les problèmes comme ceux que l'on voit à Nam Dinh disparaîtront».

Le Vietnam avait suspendu il y a quelques années les adoptions étrangères en raison des risques de trafic d'enfants.

Les procédures avaient repris à partir de 2001 sur la base de conventions bilatérales. Mais les craintes d'irrégularités n'ont jamais totalement disparu.

Fin avril, les États-Unis ont sorti un rapport accablant sur la situation, dénonçant entre autres de fausses déclarations qui montaient de toutes pièces des abandons. Mais le document a provoqué la colère de Hanoï et empêché le renouvellement de la convention passée entre les deux pays. Au 1er septembre, les Américains ne pourront à nouveau plus adopter au Vietnam.