Un haut diplomate américain participera samedi aux entretiens entre le diplomate en chef de l'UE Javier Solana et le négociateur iranien sur le nucléaire, une première depuis que les Occidentaux tentent de convaincre Téhéran de cesser tout enrichissement d'uranium.

Le sous-secrétaire d'État américain pour les Affaires politiques, William J. Burns, numéro trois du département d'État, participera à la rencontre à Genève entre MM. Solana et Saïd Jalili, a annoncé le département d'État.

M. Burns se rend à cette rencontre de Genève pour «recevoir la réponse iranienne» à la dernière offre des six puissances impliquées dans les négociations, selon un responsable ayant requis l'anonymat.

Seront également présents aux côtés de M. Solana les directeurs politiques des cinq autres puissances impliquées dans les négociations sur le nucléaire iranien, à savoir la Russie, la Chine, la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne.

Les représentants de ces cinq pays avaient déjà accompagné Javier Solana mi-juin à Téhéran, lorsqu'il avait présenté aux Iraniens une nouvelle offre de coopération aussi bien économique que politique.

Cette offre est conditionnée à des garanties sur l'arrêt des activités nucléaires sensibles iraniennes, dont la communauté internationale redoute qu'elles ne dissimulent un programme de mise au point de l'arme atomique.

Mais les Américains, qui ont rompu les relations diplomatiques avec l'Iran en 1980 peu après la révolution islamique, sont restés à l'écart, alors que les dirigeants iraniens ont toujours réclamé de pouvoir parler avec eux.

Les États-Unis avaient toujours dit qu'ils ne négocieraient avec l'Iran que si ce pays suspendait ses activités d'enrichissement, ce que Téhéran a toujours refusé de faire jusqu'ici.

La rencontre de Genève doit permettre de préciser la réponse iranienne à l'offre des Six, que M. Solana a qualifiée de «difficile et compliquée».

Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a confirmé mardi qu'il n'y avait «rien sur l'enrichissement» dans cette réponse.

Dans sa lettre-réponse du 4 juillet, le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki souligne néanmoins qu'il existe des «similarités» entre sa position et celle des Occidentaux pouvant «servir de base à des négociations globales».

Mais il ne fait pas mention de la question-clé de l'enrichissement de l'uranium et souligne plus généralement qu'il n'a pas l'intention de «changer de voie».

L'espoir est que les discussions de Genève permettent de déterminer les conditions dans lesquelles l'Iran et les Six pourraient entrer dans une phase de «pré-négociation».

Pendant celle-ci, à défaut de suspendre ses activités d'enrichissement, l'Iran accepterait de ne pas mettre en route de nouvelles centrifugeuses tandis que les Six s'interdiraient eux d'adopter de nouvelles sanctions contre Téhéran.

Trois résolutions assorties de sanctions ont déjà été adoptées à l'ONU. Les Européens ont en outre renforcé en juin la façon dont ils interprètent ces résolutions en interdisant le fonctionnement dans l'UE de la plus grande banque commerciale iranienne, la banque Melli.