Des dizaines de milliers d'agriculteurs et de partisans du gouvernement argentin ont organisé mardi des manifestations rivales en prélude à un vote clé au Sénat sur la hausse de la taxe sur les exportations, une mesure contre laquelle protestent les agriculteurs depuis maintenant près de quatre mois.

Selon les médias argentins, les manifestations des agriculteurs ont rassemblé quelque 225 000 personnes contre 95 000 aux manifestations pro-gouvernementales. Ces chiffres sont souvent exagérés et ne pouvaient pas être confirmés de source indépendante.

Les agriculteurs protestent depuis mars contre un décret présidentiel augmentant la taxe sur les exportations de céréales de plus de 10%, mesure visant à redistribuer aux Argentins modestes les profits engrangés grâce à la hausse des prix alimentaires.

Depuis, les grèves et barrages à répétition des agriculteurs ont conduit à des pénuries alimentaires, une réduction des exportations de céréales, et une chute de la cote de popularité de la présidente argentine Cristina Fernandez.

Après avoir annoncé en mars dernier la hausse de la taxe sur les exportations de produits agricoles, Mme Fernandez avait, dans un geste d'apaisement, accédé le 18 juin dernier à l'une des principales revendications des agriculteurs, en acceptant de soumettre cette mesure au vote du Congrès.

La chambre basse du Congrès avait approuvé cette hausse au début du mois de juillet et le Sénat se prononce ce mercredi. Les alliés de Mme Fernandez contrôle les deux chambres et les organisations agricoles menacent de porter ce paquet fiscal devant la justice s'il était définitivement adopté.

Mardi, les dirigeants syndicaux ont exhorté les parlementaires à ne pas voter ces mesures dont ils affirment qu'elles ruinent les économies rurales. Selon eux, cette manne fiscale restera dans les coffres de l'État et ne sera pas reversée aux provinces où le blé, le soja et les autres céréales sont cultivées.

L'Argentine est le troisième exportateur de soja et de maïs du monde, et le plus grand exportateur d'huiles et de farine de soja. Après cinq années de forte croissance économique (plus de 8%), due largement aux exportations céréalières, le pays a surmonté la dramatique crise économique survenue à la fin des années 1990.